CIG Magazine N°13

LE RITUEL DES «QUATRE ESPÈCES » La fête de Souccot dispose d’une double symbolique : commémorative et agraire. Si on célèbre l’assistance divine reçue par les enfants d’Israël lors de l’Exode hors de l’Égypte, on fête également la dernière récolte de l’année – avec les vendanges qui marquent officiellement la fin du cycle agricole. Dans la Torah, il est prescrit de prendre, dès le premier jour de Souccot, quatre espèces, « du fruit de l'arbre hadar, des branches de palmier, des rameaux de l'arbre-avoth et des saules de rivière ». La tradition rabbinique a interprété ce passage comme une injonction à réaliser des processions, en transportant ces espèces – qu’elle identifie respectivement à l’etrog (cédrat), au loulav (palme de dattier), au hadass (branche de myrte), et à l’arava (branche de saule) – vers la synagogue. Ce rituel des «Quatre espèces » fait partie intégrante de la fête de Souccot. Chaque jour, les fidèles prennent donc en main saule, myrte, palme de dattier et cédrat et les agitent vers les quatre points cardinaux, tout en prononçant une bénédiction. Cette coutume vise à rassembler le peuple juif pour former une seule et même unité. il devait à la fois protéger du soleil tout en permettant d’apercevoir les étoiles pendant la nuit. En revanche, la soucca est toujours dépourvue de porte en signe d’ouverture : à l’image de la tente d’Abraham qui accueillait tous les voyageurs de passage, chacun peut y pénétrer, quelle que soit sa religion ou son statut social ! UNE CABANE, PAS UNE MAISON... Mais, si certains construisent leur cabane à partir de zéro, d’autres achètent des structures pliables, prêtes à l’emploi, dont ils se servent d’une année à l’autre. Là aussi, l’objectif n’est cependant pas de bâtir un palais des 1001 nuits au fond de son jardin ! Si une soucca inhabitable, parce que trop étroite ou trop basse, n’est pas conforme aux prescriptions religieuses, elle ne doit pas, non plus, mesurer plus de 10 mètres : on ne doit pas s’y sentir comme à la maison. Toujours cette notion de précarité à respecter... Faut-il néanmoins y résider pendant les huit jours que dure la fête de Souccot ? La tradition veut qu’on y réalise ses occupations habituelles, bien que le mois d’octobre coïncide normalement avec le début de la saison froide. Et il faut y prendre au minimum un repas, lors du premier soir de célébration, même par temps de pluie, bien qu’en ce cas, on admette que l’essentiel du repas puisse être consommé dans la maison tant que l’averse dure. Cette année, la question ne s’est pas posée : le mois d’octobre s’est révélé plutôt clément au niveau météorologique. Pas d’orages à l’horizon, un ciel bleu souvent immaculé... De quoi prolonger l’été indien et donner un air de vacances à cette fête de Souccot ! Cette forme de légèreté et d’insouciance, symbolisée par le sourire des enfants, a malheureusement laissé place à l’angoisse, la peur et la colère, alors que l’annonce des attaques et des atrocités perpétrées par le Hamas en Israël se propageait et parvenait jusqu’à la communauté. Au moment de quitter la cabane, au dernier jour de la fête, les cœurs étaient lourds et l’avenir, plus incertain que jamais. Une longue traversée du désert, avec son lot d’errance et d’adversité, se profile à l’horizon... « CERTAINES PERSONNES N’ONT PAS LA POSSIBILITÉ DE CONSTRUIRE LEUR SOUCCA, PARCE QU’ILS N’ONT PAS DE JARDIN OU DE BALCON. » À l ’ intér ieur de la soucca, des longues tables invitent à la discussion et à la convivialité. Les murs, eux, sont tapissés de dessins d’enfants et de toiles aux couleur pastel . 19 OC TOBRE 2023 – JANV I ER 2024

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