CIG Magazine N°13

FÊTE DE SOUCCOT : HUIT JOURS DE VIE EN CABANE TEXTE JEAN-DANIEL SALLIN En octobre, la Communauté Israélite de Genève a construit, comme d’habitude, sa soucca sur le parking de l’avenue Dumas pour y accueillir ses membres et commémorer l’assistance divine reçue par les enfants d’Israël lors de l’Exode hors de l’Égypte. Huit jours de célébration qui ont été malheureusement ternis par l’annonce des attaques du Hamas en Israël. En 1230 av. J.-C, les Hébreux, réduits en esclavage par l’Égypte depuis la mort de Joseph, décident de briser leurs chaînes et de revenir, sous la conduite de Moïse et Aaron, dans le pays de Canaan, la Terre promise, afin d’en prendre possession en vertu de la promesse divine faite à leurs ancêtres. Cet épisode biblique, connu sous le nom d’Exode d’Israël hors d’Égypte, concerna, selon les écrits, plus de 600000 personnes et amena les Israélites à « errer quarante ans dans le désert ». Passant de campement en campement, ils vivent alors sous des tentes ou dans des cabanes et ne comptent que sur D.ieu pour leur venir en aide, notamment grâce à la manne providentielle. Avec le don de la Torah sur le mont Sinaï, ce récit – relaté dans les livres de l’Exode, du Lévitique, des Nombres et du Deutéronome – est considéré comme l’un des événements fondateurs du judaïsme. Et, plus de 3200 ans plus tard, la fête de Souccot est célébrée aux quatre coins du monde pour commémorer la protection que D.ieu accorda aux enfants d’Israël dans le désert du Sinaï. Dans le calendrier hébraïque, elle apparaît après Yom Kippour et ne dure que huit jours. Une semaine où la communauté juive se retrouve dans une cabane qu’elle aura pris soin de construire selon des règles particulières avant le début de la fête. EFFERVESCENCE À L’AVENUE DUMAS La CIG a «monté » sa cabane sur le parking de l’avenue Dumas. Des parois en bois, des poutrelles, des rouleaux de canisses en guise de skakh et du faux gazon sur le sol... C’est plutôt une soucca de luxe – mieux encore que celles que l’on peut commander en quelques clics sur www.soucca.org. À l’intérieur, des longues tables qui invitent à la discussion et à la convivialité, et des murs tapissés de dessins d’enfants et de toiles aux couleurs pastel, représentant des scènes naïves où des animaux sauvages voisinent avec des paysages exotiques ! Ce mercredi-là, à l’heure du déjeuner, c’est l’effervescence. Des mamans, des grands-parents, se présentent à l’entrée avec leurs enfants ou leurs petits-enfants. Certains ont réservé, d’autres pas... Malheureusement, et malgré la flexibilité de l’équipe du restaurant Le Jardin, il faut refuser du monde. Car manger dans la soucca est un passage obligé pendant ces huit jours de fête. Il est même de coutume de convier sa famille, ses amis, voire ses voisins dans sa cabane pour y partager le repas. Alors, celle de la CIG devient forcément un carrefour pour tous les membres de la communauté ! «Certaines personnes n’ont pas la possibilité de construire leur soucca, parce qu’elles n’ont pas de jardin ou de balcon », explique Elias Frija, secrétaire général de la CIG. « Ils apportent alors leurs plats avec eux et viennent les manger ici, à l’avenue Dumas. C’est pourquoi, chaque année, nous installons une batterie de frigos au sous-sol, afin d’y conserver leur nourriture au frais jusqu’à l’heure de passer à table. » Le mercredi 4 octobre, une cinquantaine de personnes s’y sont également réunies à l’invitation de l’Aftercom, organisé par Noémi Amatriain-Bernheim, pour y déguster un couscous. Il arrive même que certains vivent et dorment dans leur cabane pendant toute la semaine. Mais ce n’est pas une obligation... COMMENT CONSTRUIRE SA SOUCCA? Mais construire sa soucca n’est pas laissé à la libre interprétation de chacun. Non ! Il y a des règles à respecter. N’oublions pas que la fête de Souccot perpétue une tradition de nomadisme et de précarité, et rappelle aux Juifs la fragilité des créations terrestres par rapport à la solidité de la foi et de la tradition. Ainsi, à l’origine, la cabane devait être réalisée à partir de branches et de feuillages. Décorée de symboles religieux, elle doit aussi être coiffée d’un toit sommaire, ouvert vers le ciel, afin de faciliter la connexion avec le divin. « En Israël, les immeubles sont d’ailleurs construits en fonction de ça », précise Elias Frija. « Les balcons sont décalés pour garantir cet accès vers le ciel. » Les anciens rabbins demandaient donc que ce toit soit constitué d’une couverture végétale – comme du bambou, des tiges de maïs ou de la paille : ® AIGAL STUDIO ® AIGAL STUDIO La CIG a « monté » sa cabane sur le parking de l ’avenue Dumas. LE REPORTAGE LE REPORTAGE 18 LE MAGA Z INE DE L A C I G N ° 1 3

RkJQdWJsaXNoZXIy MjE4MDE=