CIG Magazine N°11

ISRAËL : UN FOOTBALL EN DEVENIR TEXTE JEAN-DANIEL SALLIN Affiliée à l’UEFA depuis 1994, la Fédération d’Israël de football a préféré renoncer à sa position dominante en Asie pour garantir la sécurité de ses joueurs. Son équipe nationale se dresse sur la route de la Suisse dans la phase éliminatoire pour l’Euro 2024, avec une première confrontation le 28 mars prochain à Genève (20h45). «Nous nous réjouissons de retrouver Israël, certainement l’adversaire le plus fort de notre groupe. » Prononcée juste après le tirage au sort des groupes pour les éliminatoires de l’Euro 2024, la phrase de Murat Yakin, sélectionneur de l’équipe de Suisse, résume parfaitement le respect qu’il accorde aux hommes d’Alon Hazan. Et pour cause… Sur les quatre dernières confrontations « officielles » entre 2004 et 2009, la Nati n’a jamais réussi à battre les Israéliens, concédant quatre matchs nuls. Mais c’est bien elle qui empocha son ticket pour la Coupe du monde en 2006, puis en 2010. Et, à cette époque, Murat Yakin était encore sur le terrain – aux avant-postes pour mesurer la qualité intrinsèque de ses adversaires. Pour Israël, cette nouvelle phase de qualification s’apparente néanmoins à une chance en or de participer (enfin) à une compétition internationale – la première depuis la Coupe du monde au Mexique en 1970. Versée dans le groupe I, avec la Suisse, la Roumanie, la Biélorussie, le Kosovo et la principauté d’Andorre, l’équipe d’Alon Hazan a en effet toutes les cartes en main pour s’assurer l’une des deux places qualificatives pour l’Euro 2024 en Allemagne, après avoir si souvent échoué au poteau. Si elle n’était pas éliminée au goal-average, elle échouait en barrage. Pas facile de se faire une place sur un continent européen où la hiérarchie est plutôt bien établie ! POLITIQUE ET SPORT : MÉNAGE COMPLIQUÉ Pourquoi Israël se retrouve-t-elle affiliée à l’UEFA depuis 1994? Il faut remonter le fil de l’histoire pour en comprendre les raisons – où politique et sport ne font pas forcément bon ménage. Le football a été rendu populaire dans cette région, alors sous mandat britannique, dans les années 20, amenant à la création de la fédération en 1928. Si le premier match international de son équipe nationale face aux États-Unis date de 1948 (1-3), à la suite de la création de l’État d’Israël, sa position géographique la lie naturellement à la Confédération asiatique (1954-1974). C’est là que le jeu politique vient brouiller les cartes autour du terrain : par sa position radicale envers la Palestine, Israël s’attire les foudres des états du Moyen-Orient. Chaque tirage au sort est alors savamment dirigé pour éviter que son équipe nationale ne doive affronter ses voisins arabes. Intenable ! Mais ce « boycott » est aussi observé dans d’autres stades : il n’est pas rare de voir des athlètes, arabes ou iraniens, refuser de serrer la main de leurs adversaires israéliens, voire de déclarer forfait avant la compétition pour ne pas avoir à les affronter. BALLOTTÉE ENTRE LES CONFÉDÉRATIONS Dès 1974, telle la patate chaude dont personne ne veut, Israël se retrouve alors ballottée entre les différentes confédérations. L’Océanie joue les terres d’accueil une première fois de 1974 à 1979, puis de 1985 à 1991. L’UEFA assure l’intérim entre deux (1980-1984). Jusqu’au jour où Israël, après une ultime phase transitoire, demande son affiliation définitive – contre nature – à l’association européenne. Un souhait acté en 1994. Ses clubs professionnels – Maccabi Tel-Aviv, Maccabi Haïfa ou Hapoël Tel-Aviv – peuvent désormais participer aux coupes d’Europe. Son équipe nationale, elle, se retrouve à défier l’Allemagne, l’Italie, la France et l’Espagne dans des phases éliminatoires relevées. ® SHUTTERSTOCK ® SHUTTERSTOCK Depuis 1970, Israël n’a jamais réussi à se qualif ier pour une phase f inale de la Coupe du monde ou de l ’Euro. L’ÉCLAIRAGE L’ÉCLAIRAGE 18 LE MAGA Z INE DE L A C I G N ° 1 1

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