CIG Magazine N°10

L’ENQUÊTE UNE KIPPA PERSONNALISÉE EN SIGNE D’APPARTENANCE ? ® SHUTTERSTOCK Prendre le choix de porter la kippa dans l’espace public n’est pas anodin. Cela peut être considéré comme une provocation, susciter des réactions épidermiques… Certaines voix appellent les Juifs à y renoncer en signe d’apaisement. D’autres ont décidé de les «customiser » pour en faire un accessoire de mode ou une marque de ralliement à une autre communauté. En janvier 2016, un enseignant juif, reconnaissable à sa kippa, fut agressé dans les rues de Marseille. En signe de soutien, le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, appela alors tous les supporters de l’Olympique de Marseille à porter un couvre-chef lors du prochain match au Stade du Vélodrome. On vit alors apparaître sur les réseaux sociaux une ribambelle de kippot aux couleurs de l’OM… Trois ans plus tard, le journal Bild – le quotidien le plus lu en Allemagne – proposait à ses lecteurs un atelier bricolage dans l’une de ses éditions : une kippa à découper et à fabriquer en quatre étapes ! L’objectif ? Combattre la montée de l’antisémitisme dans le pays. Cette action fait écho à l’initiative de ce coiffeur de Tel-Aviv qui inventa une kippa «magique » : recouverte d’une perruque en cheveux synthétiques, elle permettait à son propriétaire de passer inaperçu au milieu de la foule… La kippa est-elle devenue un enjeu dans la communauté juive ? Ce petit dôme de tissu de quelques centimètres de diamètre concentre en effet les débats : faut-il la porter dans l’espace public ? Pourrait-elle être considérée comme une provocation dans une société laïque? En Europe, certaines voix recommandent simplement d’y renoncer pour éviter d’être insulté ou agressé. D’autres, au contraire, encouragent l’usage de ce signe de reconnaissance pour ne pas céder face à l’intolérance. UNE TRADITION, PAS UNE OBLIGATION ! Or, le port de la kippa n’est pas une obligation. Dans la Torah, il n’y a en effet aucune mention de l’exigence de se couvrir la tête. On peut juste lire cette anecdote dans le Talmud : «Rav Houna, fils du Rav Yehoshoua, ne marchait pas quatre coudées tête découverte, par égard envers la présence divine ». «Dans le monde pratiquant, la kippa est une habitude, une tradition, qui répond à un signe d’humilité par rapport au Très-Haut », précise Éric Ackermann, hazzan de Genève. « Contrairement à d’autres religions où l’on se découvre en pénétrant dans le lieu de culte, nous nous couvrons la tête en entrant dans la synagogue. Une manière de nous incliner devant la toute-puissance divine. » 14 LE MAGA Z INE DE L A C I G N ° 10 L’ENQUÊTE

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