CIG Magazine N°08

coronavirus –, les variants qui sont le mieux adaptés à leur environnement étant ceux qui se reproduisent le mieux. Si on regarde le texte de Berechit, chaque jour, on explique ce que D.ieu a créé et ça se termine par «D.ieu vit que cela était bien ». Ça correspond exactement à la théorie de l’Évolution. Il a créé quelque chose de neuf chaque jour et il n’a gardé que ce qui était bien. C’est donc tout à fait compatible. Avez-vous toujours été attiré par la science ? Oui, vraiment. Petit, à trois ans, je m’amusais à faire des additions, en suivant ce qu’apprenait ma grande sœur qui avait quatre ans de plus que moi et qui était déjà à l’école. Quand j’allais au tearoom avec ma grandmère, pour me faire patienter, elle écrivait des chiffres sur une feuille et je faisais des additions, je préférais ça aux coloriages. J’ai fait toute ma scolarité à Bienne, jusqu’au gymnase que j’ai terminé en 1978. Ma dernière année de gymnase (de collège ici à Genève), j’avais un professeur de physique qui nous a appris à utiliser son imprimante programmable. Ça a été ma première rencontre avec l’informatique. J’ai tellement adoré ça que j’ai décidé de faire des études d’informatique. Le fonctionnement cérébral de la science est une forme de pensée qui me convient. Donc, vous arrivez à Genève en 1978 pour y faire vos études ? Oui, car il n’y avait qu’à Genève qu’on pouvait étudier cette matière. Mais au départ, j’ai été un peu contrarié dans mes ambitions. Lors de ma dernière année du collège, j’avais été aux portes ouvertes de l’EPFL. Là, on m’avait déconseillé de faire de l’informatique. On me disait que ça ne servait à rien, qu’il fallait choisir un autre domaine comme l’économie, puis se spécialiser en informatique. L’économie ne m’intéressait absolument pas ! Alors, je me suis inscrit en chimie. Et puis, ma matu en poche, je suis parti à Paris trois jours pour accompagner mes parents à une exposition horlogère. Nous avons dîné dans le Sentier. À côté de nous, est-ce vraiment un hasard, il y avait un couple dont l’homme était professeur d’informatique à l’Université de Linz en Autriche. Il m’a convaincu que l’informatique était une science en soi. De retour de Paris, je me suis désinscrit de chimie pour m’inscrire en informatique. Un choix que vous n’avez pas regretté ? Jamais ! J’ai fait un Bachelor puis un Master, et, dans cette période, je me suis lié avec un copain d’étude, Matthieu. Nous avions tous les deux envie de poursuivre par un doctorat dans un domaine utile, en appliquant l’informatique à la médecine. Nous avons eu la chance de tomber sur un jeune médecin des HUG qui commençait un projet de recherche et qui avait besoin d’informaticiens. Donc Matthieu et moi avons, ensemble, fait notre thèse autour de l’informatique appliquée à la recherche biomédicale. C’était de la bioinformatique avant l’heure, appliquée à un domaine qui aujourd’hui s’appelle la protéomique, le protéome étant aux protéines ce que le génome est aux gènes. C’est durant cette période que j’ai commencé à collaborer avec plusieurs personnes entre Genève et Lausanne, c’est là que la bioinformatique a commencé à se développer en Suisse. Nous avons fini notre thèse début 87, puis nous sommes partis faire un postdoc aux États-Unis. J’ai passé une année à Boston à la Harvard School of public Health. Malheureusement, Matthieu a dû rentrer prématurément à Genève, atteint d’un cancer dont il est décédé quelques années plus tard. Pouvez-vous expliquer ce qu’est la bioinformatique ? C’est l’informatique appliquée aux sciences de la vie. La recherche biomédicale est aujourd’hui devenue très dépendante de la science des données. On est très éloigné des biologistes d’antan qui observaient leurs © NICOLAS RIGHETTI / LUNDI 13 11 OC TOBRE 202 1 -MARS 2022

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