CIG Magazine N°08

L’ENTRETIEN SCIENTIFIQUE, MUSICIEN ET… TRÉSORIER Trésorier de la communauté depuis avril 2019, Ron Appel fait partie , aux côtés d’autres membres très impliqués, des artisans de l’un de nos plus importants chantiers du moment. La révision du barème des cotisations, voulue pour consolider durablement nos finances, est prévu pour entrer en vigueur en 2023. Côté cour, ce scientifique, Genevois d’adoption et membre de la CIG depuis plus de 40 ans, est spécialisé dans la bioinformatique, soit l’informatique appliquée aux sciences de la vie, un domaine en pleine expansion dont il codirige l’Institut Suisse entre Genève et Lausanne. Mais si le Professeur connaît par cœur la petite musique des gènes et des protéines, il maîtrise également celle des plus grands compositeurs classiques, dont il se régale en tant qu’auditeur et interprète, grâce à une tessiture de baryton qui lui permet d’exercer ses talents devant le public. Interview avec l’un de nos membres qui sait, malgré son tempérament discret, toujours faire entendre sa voix. Vous êtes trésorier de la CIG depuis avril 2019. Comment êtes-vous arrivé à occuper cette fonction ? Je fais partie du Comité depuis 2018. Et il s’est avéré qu’en 2019, la place s’est libérée et mes collègues du Comité ont considéré que c’était à moi de remplir ce rôle. Même si je suis un scientifique pur et dur, donc très éloigné des questions financières (il rit). En quoi consiste votre rôle ? La CIG est une association. Comme dans toute institution de ce genre, il y a un comité qui gère l’association et un trésorier qui en gère les finances. Mais, ici, c’est un peu particulier dans la mesure où, compte tenu de notre taille, nous fonctionnons plutôt comme une PME, avec quelques quatre-vingts collaborateurs pour un budget d’environ 8 millions de francs. Ainsi, nous avons un Secrétaire Général , Elias Frija, et un Directeur financier, Alon Halfon. Ça n’est donc pas le trésorier qui s’occupe des comptes, mais bien le Directeur financier et son équipe. Mon rôle ici est dès lors un peu particulier. Pour moi, il est de faire le lien entre le Comité qui a des responsabilités stratégiques et le Directeur financier. Le trésorier représente le Comité et supervise les finances et la gestion financière de la communauté. Il est là en soutien du Secrétaire Général et du Directeur financier. Membre actif, membre du Comité, puis trésorier… Depuis quand faites-vous partie de la CIG? Depuis que je suis arrivé à Genève en 1978 pour étudier à l’université. J’ai rejoint la CIG comme étudiant. Je me suis tout de suite engagé dans l’Union des étudiants juifs de Genève et aussi au sein de l’Union des étudiants juifs de Suisse dont j’ai été le vice-président. Pour moi, la participation à la vie communautaire a toujours coulé de source. Pourquoi ? Parce que la partie juive de mon identité a toujours été très importante. D’ailleurs c’est aussi ce qui a influencé mon choix de venir étudier à Genève, le fait de pouvoir intégrer une communauté importante, active, dynamique. Je suis né et j’ai grandi à Bienne, où la communauté était plus restreinte. J’aurais pu étudier à Neuchâtel ou ailleurs, mais j’ai aussi choisi Genève pour cet aspect. Vous parlez d’identité… Que signifie ce mot pour vous ? C’est un mélange entre la foi et la culture. Il y a le côté purement religieux bien sûr, mais aussi le côté culturel avec des valeurs intégrées dès l’enfance. C’est très lié à l’éducation que j’ai reçue et à la volonté de perpétuer ça, de le transmettre également à mes deux enfants. Le fait aussi de faire partie d’une minorité, qui implique que si on s’y identifie, automatiquement on va s’impliquer. Parce ce que ce qui fait la force d’une minorité, c’est justement l’implication de ses membres. Mes parents n’étaient pas pratiquants. Mais ils étaient très traditionnels, très communautaires. Je vous donne un exemple de cet engagement… Mon père n’allait à la synagogue que pour les grandes fêtes, Rosh Hachana, Yom Kippour, Pessah… Il avait une petite fabrique de montres à Bienne dans laquelle il travaillait énormément avec son beau-père et ma mère, même à chabbat. Mais son lieu de travail n’était pas loin de la synagogue et s’il manquait un dixième homme pour pouvoir célébrer l’office, on l’appelait au téléphone et il venait immédiatement. C’était vraiment un devoir communautaire pour lui, pas forcément un acte religieux. Cette identité juive était très présente dans notre vie. A cela s’ajoute l’histoire personnelle de mon père qui, né en Allemagne, a été sauvé par un des derniers Kindertransport qui l’a emmené en Angleterre le 31 août 1939. Vous menez une belle carrière scientifique, et vous avez la foi. Est-ce compatible ? Sans hésiter, absolument. Parmi les scientifiques il y a de tout. Il y a ceux qui pensent que tout est une suite de phénomènes physico-chimiques. Et il y a ceux qui estiment que c’est plus complexe. Je fais partie de ces derniers. On considère parfois que la science est en contradiction avec la religion et la foi en D.ieu. Les créationnistes pensent que le monde a été créé par D.ieu et n’accordent aucun crédit à la théorie de l’Évolution. Pourtant, si on regarde la première page de la Torah, la Création, on a une description parfaite de l’évolution des espèces : on part des plantes, puis arrivent les poissons, les oiseaux, l’homme. Et seulement après l’homme, il y a la femme (Berechit 2,22) ! C’est du professeur Alfred Donath zl, scientifique, médecin et membre distingué de la CIG que j’ai entendu ceci pour la première fois. La Genèse énumère les espèces vivantes de la moins à la plus évoluée… Et il faut noter que la femme est citée en dernier. Je trouve ça très intéressant... Un autre scientifique renommé, Werner Arber, prix Nobel suisse, avait de plus relevé qu’un des principaux mécanisme de l’Évolution est la sélection naturelle : les génomes subissent de nombreuses mutations d’une génération à une autre – on en entend beaucoup parler actuellement par rapport au génome du 10 L’ENTRETIEN LE MAGA Z INE DE L A C I G N ° 08

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