CIG Magazine N°11

laborer avec les plus grands labels : Sony Music, Universal, Warner ou Columbia. Que de chemin parcouru en deux ans ! Et puis, le Covid est arrivé et tout s’est arrêté. «C’était la misère. Nous n’avions plus rien : plus de tournage, plus de projets… » Que faire ? Ranger ses ambitions au placard et renoncer à ses rêves ? Ou s’adapter et se réinventer ? Chez Swiss Made Entertainment, on a opté pour la deuxième option. La pandémie a contraint plusieurs secteurs d’activité à redéfinir leurs priorités et à repenser leur modèle d’affaire. Le Genevois a toujours eu envie de développer le film d’animation. Comme le Covid interdit tous les tournages physiques, confinement oblige, il décide d’activer ses contacts en Europe et de proposer ce « service » aux marques et aux labels. L’idée plaît. Swiss Made Entertainment crée des spots publicitaires pour Samsung, LG et Maybelline, mais commence surtout à collaborer avec Lil Nas X, un rappeur de 21 ans qui s’apprête à sortir son premier album Montero, avec le tube Old Town Road. «Notre premier clip a fait un carton sur YouTube avec plus de 6 millions de vues en deux jours », se rappelle Richard Selvi. «À tel point que Columbia nous a confié tout le marketing de l’album… » En ajoutant une compétence à sa palette, il a clairement montré sa capacité à rebondir et à se montrer créatif. Et les Américains adorent ce genre d’entrepreneurs. Sky is the limit ! UN CLIP POUR EMINEM ET 50 CENT Ainsi, lorsque les États-Unis sont sortis de la pandémie, Swiss Made Entertainment a clairement profité de cette vitrine pour se développer et s’imposer comme un acteur incontournable de la production publicitaire et musicale. Les projets s’empilent sur le bureau du CEO: Depeche Mode, Fitz & The Tantrums, des spots pour l’armée de l’air et le secteur spatial… Resté fidèle, Lil Nas X confie à Richard Selvi la direction artistique de sa tournée en Europe et de sa performance aux Grammy Awards. Last but not least, il a eu le bonheur de réaliser un clip vidéo d’Eminem avec 50 Cent – la référence du rap américain. «Un grand moment », s’exclame le Genevois. «Quand j’avais 10-11 ans, ma mère passait ses chansons en boucle dans la voiture quand elle nous amenait l’école, avec mon frère. Et tout le monde lui disait qu’ il ne fallait pas faire écouter ces chansons-là à ses enfants. Vingt ans plus tard, je me retrouve à passer des heures sur Zoom avec lui pour produire cette vidéo. C’est incroyable ! » Richard Selvi garde pourtant les pieds sur terre. S’il se réserve toujours une dizaine de minutes pour «péter un câble» et exprimer bruyam- ment son bonheur de travailler avec ces stars, il retrouve vite son sang-froid. «Vous savez, du moment qu’on se parle d’artiste à artiste, d’humain à humain, toutes ces considérations tombent. Vous vous retrouvez en studio avec eux, vous les voyez enregistrer, vous parlez de leur travail, de leur univers… Vous entrez dans une relation 100% normale. Trop de gens se sont brûlés les ailes en perdant le sens des réalités. » Aujourd’hui, Swiss Made Entertainment continue de se développer. Un film d’animation est en cours de préparation. Un travail de longue haleine ! «Cela fait deux ans qu’on bosse dessus à développer le scénario et les personnages », admet Richard Selvi. Et le cinéma ? Le Genevois n’a pas fermé la porte. Le rêve est toujours là, dans un coin de sa tête. «C’est l’objectif final », conclut-il. Et, à voir le chemin parcouru depuis cinq ans, on se dit que ce rêve-là se concrétisera forcément. «QUAND J’AVAIS 10-11 ANS, MA MÈRE PASSAIT LES CHANSONS D’EMINEM EN BOUCLE DANS LA VOITURE, QUAND ELLE NOUS AMENAIT À L’ÉCOLE, AVEC MON FRÈRE. » La pandémie a contraint Richard Selvi de se réinventer pour ne pas renoncer à ses rêves : il a décidé de développer le f ilm d’animation. 23 JANV I ER-MARS 2023

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