CIG Magazine N°10

origines et appartenances religieuses. Le hameau change alors de visage. Sous l’impulsion de l’intendant communal, Giovanni-Battista Foassa-Friot, il devient « une cité nouvelle et industrieuse », se dotant d’arrière-cours et de jardins secrets ; une ville où l’artisanat et le commerce sont encouragés. Aujourd’hui, ces cours intérieures, totalement privées, restent malheureusement fermées aux badauds. Notre groupe, emmené fièrement par la CIG, peut néanmoins profiter de l’une d’entre elles, la cour du Triangle, à quelques pas de la place du Marché, afin d’apprécier l’architecture et le style des maisons bâties à cette époquelà. Cela méritait bien une petite farandole... UNE SYNAGOGUE À LA RUE SAINT-VICTOR La mise en place de ce concept politique particulièrement libéral est un succès. Après les francs-maçons et les protestants, les Juifs s’installent donc à Carouge dès 1779 et, avec la proclamation de l’Édit de Tolérance par le roi Victor-Amédée III, le 27 août 1787, ils bénéficient de l’application du droit commun, ainsi que d’une totale liberté de culte. « Selon l’historien André Corboz (ndlr. auteur du livre L’Invention de Carouge, 1772-1792, chez L’Âge d’Homme), c’est la première fois au monde que le droit commun est ainsi appliqué à des minorités avant la Révolution française », précise Jean Plançon. Pierre-Claude de la Fléchère occupe alors une demeure seigneuriale à la rue Saint-Victor. « Tout est devenu cher, les gens opulents viennent s’établir à Carouge : il est difficile de louer des appartements », raconte-t-il sous la plaque commémorative qui décore désormais la façade de la bâtisse. En 1789, le comte de Veyrier décide donc de prêter sa maison pour y créer, au rez-de-chaussée, une synagogue, ainsi qu’une école destinée aux enfants juifs de la cité. Au premier étage, Joseph Abraham – qui deviendra par la suite le premier président de la Communauté israélite de Carouge, rebaptisée CIG en 1917 – y installe une manufacture horlogère. « J’ai quand même gardé quelques appartements pour la location, puisque c’en était l’objectif premier », sourit le propriétaire en filant vers la place de l’Octroi. Cette première synagogue sera utilisée jusqu’en 1859, date de l’inauguration de la synagogue Beth Yaacov de Genève, édifiée par l’architecte zurichois Johann Heinrich Bachofen. ® EMERIC CARON – AIGAL STUDIO ® EMERIC CARON – AIGAL STUDIO ® EMERIC CARON – AIGAL STUDIO ® EMERIC CARON – AIGAL STUDIO Michal Kalfon (en haut) a signé la mise en scène de cette pièce de théâtre ambulante, jouée en musique dans l’espace public. La responsable culturelle de la CIG, Anita Halasz (en bas) s’est chargée de la coordination de l’événement. 23 AOÛT-NOVEMBRE 2022

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