CIG Magazine N°09

® SHUTTERSTOCK COMMENT LES DUNES DU NÉGUEV – QUI REPRÉSENTENT 40 % DE LA SURFACE DU PAYS – ONT-ELLES PU DEVENIR LE VERGER DE LA PLANÈTE ? DÉSALINISATION ET MICRO-IRRIGATION Depuis 1997 et l’ouverture de sa première station à Eilat, l’État d’Israël a d’abord développé un vaste système de désalinisation de l’eau de mer dans l’ensemble du pays : aujourd’hui, 80% de l’eau potable consommée sont passés par ces usines de dessalement. Une expertise, très convoitée, qui – soit dit en passant – lui a permis de normaliser ses relations diplomatiques avec des pays comme le Bahreïn, le Maroc ou les Émirats arabes unis. Grâce à la microbiologie, il a également été possible de recycler 86% des eaux usées dans l’irrigation des cultures. Un record mondial ! Et c’est justement dans la micro-irrigation qu’Israël s’est illustré… En 1965, l’entreprise Netafim, du kibboutz Hatzerim, à l’ouest de Beer-Sheva, a mis au point cette méthode innovante qui a littéralement révolutionné l’agriculture israélienne : le goutte-àgoutte alimente 80% des terres dans le pays. Avec l’apport des technologies digitales, elle est encore plus efficace : des applications connectées aux champs permettent à chaque agriculteur de doser précisément la quantité d’eau nécessaire à la plante en fonction des besoins de l’espèce et des variations d’humidité et de température. Avec un milliard de dollars de chiffre d’affaires et un tiers du marché mondial en 2019, Netafim est logiquement devenu le leader dans ce domaine. Aujourd’hui, Israël est l’un des plus gros producteurs et exportateurs d’agrumes (oranges, mandarines, pamplemousses, pomelos). Il cultive du blé, du sorgho et du maïs. Et de gigantesques palmeraies foisonnent à deux heures de route de Beer-Sheva. En plein cœur du désert. Évidemment, cette quête d’innovation s’accompagne de… dommages collatéraux. La consommation en eau est supérieure aux ressources renouvelables disponibles et la surexploitation des nappes phréatiques entraînera leur salinisation. Avec le réchauffement climatique et la consommation d’énergie des usines de dessalement (qui rend Israël fortement dépendante des centrales à charbon et à gaz), l’eau est devenue un enjeu préoccupant pour le pays et cette région qui se situe en deçà du seuil de stress hydrique. L’avenir de son agriculture passera donc par sa faculté à relever ce nouveau défi technologique. Jean-Daniel Sallin ® SHUTTERSTOCK Après avoir visité le désert du Néguev en 1935, David Ben Gourion, père fondateur de l’État d’Israël, s’est mis en tête de transformer ces étendues stériles en terres fertiles. 15 AVR I L-J U I L LE T 2022

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