Raison symbolique : ils ne correspondent pas à l’archétype du poisson, tel qu'il a été défini par la Torah. OISEAUX : pas de critères formels, mais une liste d’oiseaux interdits est donnée (rapaces, nécrophages). Raison symbolique : ces oiseaux transgressent leur catégorie naturelle en mangeant de la chair morte ou en étant associés à la violence. Pour Mary Douglas, l’impureté n’est donc pas une souillure matérielle, mais une anomalie dans l’ordre symbolique. Les lois de la cacheroute expriment donc un désir de classification pure, où chaque espèce doit rester à sa place naturelle. Cette explication rejoint l’intuition du Sefer Ha’Hinoukh et a l’avantage de s’appuyer sur une lecture zoologique du texte biblique, dévoilant ainsi la proximité de la Torah avec le monde naturel et des interdits alimentaires. 5. JACOB MILGROM: LA SAINTETÉ COMME ÉTHIQUE DE SÉPARATION Jacob Milgrom, exégète du Lévitique, propose une lecture complémentaire : les lois alimentaires participent à une théologie de la sainteté. Le peuple d’Israël est appelé à être qadosh (saint), c’est-à-dire à se séparer de la corruption et des pratiques idolâtres. Les interdits alimentaires deviennent un outil éthique pour enseigner la maîtrise de soi, le respect de la vie et la distinction du sacré. ANIMAUX TERRESTRES : les animaux permis sont souvent domestiques, paisibles, herbivores, représentant l’ordre et la retenue. Les carnivores sont interdits, car associés à la violence et à l’instinct destructeur. Raison morale : éviter de consommer des êtres liés à l’agressivité ou à l’impureté du sang. ANIMAUX MARINS : la Torah exclut ceux qui n’ont ni écailles, ni nageoires, car ils vivent au fond, dans la vase. Raison morale : se détourner des formes de vie perçues comme obscures, serpentines, proches de la mort. OISEAUX : la liste d’oiseaux impurs inclut surtout des charognards et des rapaces. Raison morale : ils transgressent l’interdiction biblique de consommer le sang ou de s’en nourrir indirectement. Pour Jacob Milgrom, les lois de la cacheroute sont des gestes pédagogiques quotidiens qui enseignent une éthique de la vie, de la discipline, de la sainteté – et marquent une différenciation d’Israël par rapport aux nations idolâtres. Conserver nos traditions, creusant sans cesse ses richesses et sa sagesse, et contribuer à une communauté vivante et qui contribue au monde, c’est aussi cela la cacheroute. Manger casher, c’est s’inscrire dans une démarche remplie de sens, dans une réflexion envers le monde qui nous entoure, tant animal qu’humain, et renforcer notre vivre-ensemble autour d’un bon plat. Dans un mot d’humour qui lui était bien singulier, Léon Askénazi, dit Manitou, soulignait l’importance capitale de rester ensemble, unis, capables de dialoguer, insistant sur le fait que la Torah ne doit jamais être un facteur de division : « Il ne faut pas que la cacheroute nous cache la route ! » Lire aussi en pages 16-19. © ISTOCK 9 MARS -J U I L LE T 2025
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