CIG_JOURNAL_N°17_ FLIPBOOK

fonction de la taille de la communauté et du statut de la cité, on est en net déficit. Il y a de 7000 à 8000 Juifs ici, un public qui aimerait bien manger casher, même si la majorité de la ville n’est pas respectueuse de toutes les règles de la cacheroute, mais on ne trouve quasiment rien. C’est fou ! J’ai encore en tête les supermarchés en Israël, qui sont les Carrefour ou Denner du coin : tout existe, on n’a pas besoin de réfléchir ! » Il prend également l’exemple de Paris, capitale culinaire, où il y a plus de 300 restaurants, parfois étoilés, qui proposent des plats casher pour tous. « Ici, nous sommes moins bien lotis ! » UNE DOUBLE FONCTION Pour Mikhaël Benadmon, la cacheroute est devenu un enjeu. Un défi à relever. Il aspire à élargir l’offre dans la ville, et pour deux raisons majeures. La première est évidente : satisfaire simplement la volonté des Juifs de manger casher. «Mais, la cacheroute a une double fonction de conservation du groupe et de rencontre », analyse-t-il. « Elle a un rôle social. Elle permet aux personnes âgées de ne pas se sentir exclues, elle permet aussi aux jeunes de la communauté de se retrouver autour d’une table, de manger ensemble et de tisser des liens. L’idée est de créer des espaces pour faciliter ces rencontres et, pourquoi pas, susciter des mariages. » Dans l’optique d’une pérennisation de la communauté, il est, en effet, important d’enrayer le processus des mariages mixtes... Le Grand Rabbin a d’abord entrepris de consolider son équipe de cacheroute : le rabbin Menahem Bendayan a rejoint Samuel Nezrit et Éric Ackermann dans ce département. « Spécialiste de la cacheroute à l’échelle mondiale, il est responsable du développement de notre label genevois en dehors de nos frontières, afin de permettre la vente d’aliments, produits à l’étranger, en Suisse », explique Mikhaël Benadmon. Mais, son objectif principal reste l’essor de la cacheroute dans le canton à travers trois pistes : l’ouverture de restaurants et de commerces ; l’enrichissement de l’offre traiteurs ; l’autorisation plus rapide de produits vendus dans les supermarchés. PRODUITS CASHER... PAS CHERS ! «Ce sont des aliments qui ne sont ni fabriqués, ni cuisinés, par une communauté juive, mais qui sont autorisés à la consommation. À ce sujet, nous collaborons avec la CIAC (ndlr. Communauté d’intérêts pour les aliments casher), l’organisme qui gère la cacheroute en Suisse. Elle vient d’engager deux rabbins qui seront amenés à visiter les sites de production pour vérifier les ingrédients utilisés et délivrer ces précieuses autorisations. » Une application, Swiss Kosher, permet d’ailleurs de lister tous les produits casher et de scanner leur codebarre pour en connaître directement leur composition. © ISTOCK 18 L’ENQUÊTE LE MAGA Z INE DE L A C I G N ° 1 7

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