CIG_JOURNAL_N°17_ FLIPBOOK

DOMINIQUE EL BEZ : « CE N’EST PAS UN JOB, C’EST UNE MISSION ! » TEXTE JEAN-DANIEL SALLIN Lorsque nous le rencontrons, Dominique El Bez n’a qu’une dizaine de jours dans son nouveau costume de Secrétaire Général de la CIG. Il a officiellement pris ses fonctions le 5 mai 2025 – une date symbolique, porteuse de bonne fortune selon les Tunisiens. Logiquement, il a hérité du bureau de son prédécesseur, Elias Frija, mais il n’y a pas encore apporté sa touche personnelle. «Ce n’est pas ma priorité », souffle-t-il. Depuis son arrivée, il vit une immersion totale dans la communauté, afin d’en comprendre les subtilités, de s’imprégner de son histoire. « J’aime prendre l’analogie de l’ iceberg pour expliquer ce que je vis. Quand on est membre, on ne voit que la partie émergée de l’ iceberg, mais, dès qu’on devient collaborateur de la CIG, on découvre tout ce qui est immergé, tout ce travail et cette énergie mise au service de la communauté... » Un jour l’a particulièrement marqué : le troisième, le mercredi, jour du Talmud Torah. «Mes collègues m’ont spontanément présenté leurs enfants. On voit rarement ça dans le monde de l’entreprise. C’est symbolique de ce qu’est la CIG : une famille, avant tout ! » Dominique El Bez est excité par cette mission. Il avoue également avoir une multitude d’idées à partager. «Mais, aujourd’hui, ma priorité, c’est comprendre et écouter ! » Il aura la chance d’avoir Elias Frija à ses côtés pendant les prochains mois pour l’aiguiller, pour lui transmettre l’historique de la CIG. « Il a fait un travail phénoménal de gestion et d’orchestration. Elias incarnait vraiment la communauté. Il y a de toute façon une pression à succéder à quelqu’un comme lui. Mais, la pression vient surtout de la mission, de ce devoir vis-àvis de nos membres, de tous les Juifs de Genève, de nos amis, de nos parents... Ce n’est pas un job ! La pression vient de l’ importance que représente la communauté à mes yeux. » Pourquoi avoir accepté ce poste de Secrétaire Général ? Cela n’a jamais fait partie d’un plan de carrière. Je ne me suis jamais dit qu’un jour, je deviendrais Secrétaire Général de la CIG. Mais, quand le poste s’est présenté à moi, ça a raisonné comme une évidence ! Cette fonction combine, en effet, les deux facettes de ce que je suis dans la vie. Je suis d’abord un gestionnaire d’entreprise : j’ai développé des équipes et fait en sorte qu’elles puissent accomplir leur mission pour leurs clients ou leurs partenaires. Je crée de la valeur et des services. J’adore cet élément-là de ma vie professionnelle et c’est ainsi que je me définis. Mais, d’un autre côté, je suis fondamentalement juif, très ancré dans les traditions et dans l’identité juive. Je suis aussi parent et j’ai envie de transmettre ce flambeau à mes enfants. Avec ce poste, ces deux facettes fusionnent ! C’est l’alignement de mes compétences avec mon cœur. Comment avez-vous été recruté ? Au hasard d’une discussion, le sujet est sorti. Le comité cherchait un successeur à Elias qui se préparait alors à partir à la retraite... J’ai ensuite suivi le processus de recrutement standard, constitué d’entretiens avec les membres du bureau et le comité. Qui est Dominique El Bez ? Je suis né dans une famille séfarade à Aix-en-Provence. Mes parents ont quitté l’Algérie très tôt : à 10 ans pour mon père, à 18 ans pour ma mère. J’ai grandi dans cet environnement traditionnel, avec un lien au culte particulier du côté de mon père, puisque son grand-oncle fut le rabbin fondateur de la communauté dans notre ville. Chez ma mère, il y avait un fort ancrage dans le scoutisme. J’ai intégré le mouvement des éclaireurs israélites de France dès l’âge de six ans et j’ai fait mon parcours jusqu’à devenir animateur... La combinaison de ma famille et de ma communauté fait qui je suis. Et, au niveau professionnel ? J’ai toujours étudié dans des écoles laïques. Le sport et les études m’ont permis d’être toujours intégré dans la vie de ma ville. Ma profession m’a ensuite amené à beaucoup voyager et à rencontrer diverses communautés à travers le monde, parfois grandes, parfois inexistantes. À Chambéry, par exemple, il n’y avait pas de centre communautaire. On se retrouvait donc dans la pièce d’un appartement, pour lire les passages de l’office qu’on connaissait, avec la tradition de chacun. C’était un sacré melting-pot ! Manger casher était aussi un sacré défi, selon l’endroit où je me trouvais. Toute ma vie, j’ai été exposé à ça ! Pour revenir à votre question, j’ai travaillé dans la gestion d’entreprise, d’abord dans le conseil en transformation digitale et en organisation d’entreprise, mais aussi dans des start-up. J’ai été ensuite engagé dans un groupe international fournissant des solutions informatiques et de télécommunications pour le secteur aéronautique, dans laquelle je suis devenu, au fil du temps, patron de division. À chaque fois, mon cœur de métier consistait à fédérer une équipe autour d’une vision commune avec l’objectif de créer de la valeur et de tout mettre en œuvre pour réaliser cette vision ensemble. 11 LA RENCONTRE MARS -J U I L LE T 2025

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