«Avec ces trois principes, on autorise l’expression personnelle, on encourage la compréhension de la complexité du monde et, finalement, on recherche le lien avec le contexte juif », résume le Grand Rabbin. S’il a instauré plusieurs rendez-vous, hebdomadaire ou mensuel, pour débattre, partager, explorer, avec les membres de la CIG, il a choisi le Talmud Torah comme premier jalon de ce programme éducatif. Un choix 100% pertinent. « Dans l’histoire juive, l’enseignement de la Torah fait partie intégrante de la structure de la communauté, au même titre que le Service social, le bain rituel ou le tribunal rabbinique », précise-t-il. LE TALMUD TORAH EN PREMIÈRE LIGNE Le Talmud Torah est destiné à tous les enfants juifs de 6 à 14 ans, scolarisés dans les écoles laïques, qui veulent se familiariser avec la culture et les valeurs du judaïsme. « Les parents qui amènent leurs enfants le mercredi après-midi poursuivent trois objectifs : les sociabiliser avec la communauté juive, les préparer à leur bar-mitsva ou leur bat-mitsva, et leur permettre de s’ instruire », souligne Mikhaël Benadmon. Leur destiner ce programme éducatif n’est pas fortuit : cela répond à ce principe araméen qui veut qu’un enfant, quand il apprend quelque chose pour la première fois, absorbe tout comme une éponge. «Mais, par le passé, on prétendait qu’un enfant, pour savoir, devait tout apprendre par cœur et qu’ il réfléchirait plus tard, lorsqu’ il sera adulte. Évidemment, cette théorie n’a plus lieu d’être aujourd’hui. On doit les intéresser, éveiller tous leurs sens, les ouvrir à des choses plus intéressantes que ce qu’ils trouvent dans leur téléphone portable. Or, on ne peut pas stimuler un enfant en lui offrant un cahier Clairefontaine ! » En collaboration avec Ilanit Tordjman, directrice du Talmud Torah, et de son équipe d’enseignants, le Grand Rabbin a donc imaginé un Mercredi de Rêve (MdR), une fois par mois, à la Maison Juive Dumas. Si les autres mercredis sont consacrés à l’étude classique des textes, le quatrième proposera une autre manière, plus ludique, plus décalée, de traiter de l’identité juive. « L’objectif est de donner des outils aux enfants afin de parler, de réfléchir, de questionner et de s’approprier l’identité juive à travers quatre axes d’études (ndlr. valeurs, histoire, hébreu, expérience), dans le but de pouvoir vivre cette identité juive dans une société contemporaine », explique Mikhaël Benadmon. Lequel a travaillé avec Bayla Hassberger pour l’élaboration de ce programme. «C’EST QUOI, ÊTRE JUIF ? » Pratiquement, cela se traduira par deux heures d’instruction informelle, adaptée aux différents âges, dans un environnement divertissant, avec une thématique à traiter. La première ? « C’est quoi, être Juif ? » « Le but est de surprendre les jeunes, d’éveiller leur curiosité et leur créativité », s’enthousiasme le Grand Rabbin. Si les plus petits seront invités à se déguiser en Juifs, dans une salle décorée de posters, avec des personnalités juives de différentes époques, les plus grands découvriront des vidéos de témoignages de célébrités qui donneront leur propre définition d’« être Juif ». « Élie Semoun exprime l’amour de son judaïsme à travers ce qu’il fait de mieux : l’humour et l’autodérision », commente Mikhaël Benadmon. «Pour Serge Klarsfeld, être Juif, c’est être enfermé dans un placard, à l’âge de huit ans, pour fuir les Nazis, c’est vivre dans la peur. Chacun a sa propre définition. Celle d’Enrico Macias ne sera pas la même de celle du philosophe Alain Finkielkraut. Les enfants devront également répondre à cette question, afin de les engager dans un processus de réflexion sur leur identité. Nous filmerons leur intervention et nous la leur montrerons à nouveau à la fin de l’année pour savoir ce qui a changé... » Mois après mois, toute l’équipe du Talmud Torah abordera des thèmes aussi divers que la justice, la fraternité, l’esprit de famille, la liberté ou la transmission. «On n’étudie plus un passage biblique ou une tradition talmudique pour l’étude elle-même, mais pour y puiser des réponses aux questionnements contemporains », promet le Grand Rabbin. Ce Mercredi de Rêve sera même ouvert aux parents : ils peuvent ainsi vivre cette expérience atypique comme leurs enfants, profiter de ces moments de réflexion et de découverte, dans l’espoir qu’ils poursuivent la discussion à la maison, dans le cadre familial. Parce que ce programme éducatif ne doit pas rester une exclusivité du Talmud Torah. Mikhaël Benadmon imagine une continuité. L’ambition de la CIG est d’ailleurs de créer prochainement un département éducatif qui réfléchisse à l’éducation juive à Genève, depuis la prime enfance jusqu’à l’âge adulte, afin d’en définir les besoins, les défis et les moyens pour y répondre. «Cette année, la CIG donne la priorité à la jeunesse, avec un programme pour les adolescents, les étudiants et les jeunes familles », dévoile le Grand Rabbin. « L’ idée est de leur faire comprendre que la communauté est un lieu intéressant pour eux. » Mikhaël Benadmon a ainsi prévu d’impliquer le CCJJ dans l’organisation des Mercredis de Rêve : directeurs et animateurs participeront à l’enseignement et à l’accompagnement des élèves pendant l’après-midi. Ils leur donneront aussi un avant-goût des camps de vacances, en les invitant à venir manger un hot-dog à 13 heures – une tradition qui remonte à une quarantaine d’années à la CIG. «Mon but est de tripler, voire de quadrupler le nombre d’enfants au Talmud Torah », prévient le Grand Rabbin. « J’aimerais amener tous les enfants juifs, scolarisés dans les écoles laïques, à considérer qu’ils ont leur place à ce mercredi après-midi. L’éducation juive doit être envisagée comme un moment-clé, comme le socle de la communauté. » VOUS SOUHAITEZ INSCRIRE VOS ENFANTS OU PETITS-ENFANTS AU TALMUD TORAH? SCANNEZ CE QR-CODE POUR OBTENIR TOUTES LES INFORMATIONS NÉCESSAIRES ! LE REPORTAGE 26 LE MAGA Z INE DE L A C I G N ° 1 5
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