de Genève ne mangent plus casher. « Le rite est un marqueur significatif dans le renforcement ou l’affaiblissement de l’identité juive », rappelle-t-il. Cette situation, particulière à Genève, débouche sur un constat : lors des trente dernières années, les discours, au sein même des synagogues, étaient plus axés sur le rite, sur l’aspect religieux, que sur des questions autour de l’identité juive. «Avant, il n’y avait pas de réflexion sur la signification d’être juif », explique-t-il. «On avait une seule proposition – venir à la synagogue et étudier des textes liés à la pratique – qui s’adressait à des personnes déjà initiées, mais qui pouvait paraître obscure pour les gens qui ne s’y intéressaient pas. » Le Grand Rabbin prône un judaïsme plus ouvert, orienté vers un engagement, qui invite chaque individu à la délibération. « Face à des options qu’on lui propose, une personne éduquée sait analyser, délibérer et faire ses choix. Nous ne sommes pas là pour délibérer à la place des autres... » TROIS PRINCIPES PÉDAGOGIQUES Porté par son expérience personnelle en Israël, « dans ce vivier pétillant, avide de créativité et d’ouverture », Mikhaël Benadmon planche sur un programme éducatif au sein de la CIG. Pour les enfants comme pour les adultes. Il se fonde sur trois principes pédagogiques pour le mettre en place. • L’approche identitaire. Trouver des moyens qui amènent l’élève à se poser la question au niveau identitaire ; créer une atmosphère qui lui permette de faire entendre son avis au sein de l’école, même s’il n’est pas retenu ; offrir un espace et un temps dans lesquels chacun puisse exprimer sa position sans craindre la critique. • La multivocalité. Éveiller la curiosité des élèves sur les différentes voix qui existent ; accepter qu’il y ait plusieurs options... Quels sont les avis dominants et périphériques ? Quelles sont les limites de la multivocalité ? • Le contexte juif. Trouver un lien avec l’identité juive par rapport à des textes religieux ; le chercher dans l’histoire, dans la tradition littéraire ou dans la sociologie du monde juif ; déterminer sur quoi se base l’avis de l’élève, puis répondre à la question : en quoi cela me concerne-t-il ? « L’OBJECTIF EST DE DONNER DES OUTILS AUX ENFANTS AFIN DE PARLER, DE RÉFLÉCHIR, DE QUESTIONNER ET DE S’APPROPRIER L’IDENTITÉ JUIVE, DANS LE BUT DE POUVOIR LA VIVRE DANS UNE SOCIÉTÉ CONTEMPORAINE. » Dans l ’histoire juive, l ’enseignement de la Torah fait partie intégrante de la communauté, comme le bain r ituel ou le tr ibunal rabbinique. 25 J U IN-SEP TEMBRE 2024
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