PHILIPPE A. GRUMBACH ZL, CE GRAND HOMME TEXTE FLORIANE PIERMAY Dans le cercle juridique et communautaire genevois, le nom de Philippe A. Grumbach zl résonne, aujourd’hui plus que jamais, avec respect et admiration. Né en mars 1959, le Genevois aura consacré sa vie à la défense des droits fondamentaux, à la lutte contre l’antisémitisme et à la promotion de la justice. Celui qui a présidé la CIG de 2015 à 2021 est décédé dans la nuit du 12 au 13 avril dernier. Il laisse un vide immense dans le cœur de la communauté et de tous ceux qui l’ont côtoyé, de près ou de loin. À travers un dernier hommage, la CIG souhaite exprimer sa profonde gratitude pour l’héritage d’engagement qu’il laisse derrière lui. Un bien modeste geste en comparaison de son éternelle détermination et son inlassable dévouement, qui continueront d’inspirer et guider les futures générations. À 13 ans, lorsqu’il s’apprête à effectuer sa bar-mitsva, son père lui raconte comment sa mère avait été arrêtée par la Police de Vichy, puis déportée et assassinée à Auschwitz. Un choc. «C’est à partir de ce moment que j’ai commencé à m’ intéresser à l’antisémitisme », nous confiait-il, dans la troisième édition du CIG Magazine en 2020. Philippe A. Grumbach zl ne s’en désintéressera jamais. Conjointement, il démontre un vif intérêt pour les affaires internationales, s’impliquant dès ses premières années estudiantines dans le mouvement des Nations Unies. Ses études secondaires et universitaires à Genève (Collège Calvin et Université de Genève) le conduisent à l’obtention de son diplôme en 1982, avant d’être admis au barreau en 1985. Il défend déjà corps et âme la cause des droits de l’homme, notamment en faisant campagne contre la discrimination raciale sous toutes ses formes. Les dés sont jetés et les bases de sa carrière avec. UN HOMME (DE) DROIT Après son admission au barreau, il étudie l’anglais à Londres et à l’Université de Columbia jusqu’en 1986, élargissant ainsi ses horizons et renforçant ses compétences dans un contexte international. Son implication pour la justice et les droits de l’homme se poursuit, en tant que membre du Comité suisse de la Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme (LICRA). C’est à ce moment-là qu’il joue un rôle déterminant dans la campagne pour l’adoption de nouvelles dispositions du Code pénal suisse (art. 261 bis CPS), interdisant certaines formes de comportement racial et antisémite. Son travail acharné aboutit même à la récupération par les tribunaux genevois d’un précieux manuscrit judaïque pillé par les nazis lors de la Nuit de Cristal en 1938 au Musée juif de Berlin. Une victoire qui a nécessité sept années de négociations complexes impliquant l’Allemagne, la Pologne et Israël ainsi qu’une longue bataille à tous les niveaux du système juridique suisse. Puis, tout au long de sa carrière, il conseille régulièrement des clients suisses et étrangers dans divers domaines du droit incluant le droit des contrats, le droit commercial, le droit de la famille, le droit successoral, la responsabilité civile, les assurances sociales et la criminalité économique. UN PILIER DE LA COMMUNAUTÉ Au-delà de ce parcours juridique florissant, il se distingue également pour son activisme communautaire. Bien connu pour avoir plaidé contre des négationnistes et auteurs d’actes antisémites, Philippe A. Grumbach zl s’engage également dans des organisations lui permettant de défendre une identité et des valeurs juives. Ainsi, de 1988 à 1994, il siège au comité exécutif de la Communauté juive de Genève, contribuant à renforcer les liens au sein de la communauté et promouvoir ses intérêts. Son dévouement est loin de s’arrêter là car de 2001 à 2009, il endosse le prestigieux rôle de Président de la Coordination Intercommunautaire contre l’Antisémitisme et la Diffamation (CICAD), puis restera un membre actif de l’association. Ces huit années précèdent son arrivée à la présidence de la CIG, qui lui offre une nouvelle occasion d’œuvrer pour le bien-être de la communauté mais aussi de la ville. « Face à la montée de l’antisémitisme, il est essentiel d’avoir une communauté juive forte et unie qui assure la transmission des valeurs juives et sache s’occuper de ses coreligionnaires, de la naissance à la mort », pensait-il. Elias Frija, Secrétaire Général de la CIG, se souvient aujourd’hui avec une nostalgie empreinte d’amitié et d’admiration : « Il a apporté une nouvelle impulsion et a mené à bien une multitude de réalisations. Il a signé un accord de collaboration et de coopération avec la synagogue Hekhal Haness, les infrastructures sécuritaires ont augmenté et © PIERRE ALBOUY © DR Philippe A. Grumbach zl a consacré sa vie à la défense des droits fondamentaux, à la lutte contre l ’antisémitisme et à la promotion de la justice. LE PORTRAIT LE PORTRAIT 20 LE MAGA Z INE DE L A C I G N ° 14
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