CIG_JOURNAL_N°14_FLIPBOOK

Pourtant, Israël se retrouve de plus en plus isolé. L’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont uni leurs voix pour « reconnaître l’État de la Palestine ». Président des États-Unis, Joe Biden a menacé de ne plus livrer d’armes à son allié, « s’ il pénétrait dans le centre de population de Rafah » et a vivement critiqué la stratégie de Benjamin Netanyahu jugée « incompréhensible ». Emmanuel Macron, lui, s’est dit indigné par les frappes israéliennes sur un camp de déplacés, à Rafah justement. Condamnations pour la forme? Ou véritable changement de cap diplomatique ? Pour l’instant, Israël reste sourd aux demandes de cessez-le-feu et se dit « fermement opposé » à mettre un terme à cette guerre. Jusqu’à quand ? « Nous sommes face à une dynamique qui rend la pérennisation de la population de Gaza impossible ; face à la création d’une situation susceptible de ne plus permettre aux Palestiniens de vivre et d’exister », relève Elena Aoun – qui milite pour la solution des deux états, la seule capable de « garantir l’existence d’Israël dans un environnement moins chaotique ». Alors que les juges de la Cour internationale de Justice rendent leurs premières décisions, Israël se retrouve dans une position délicate, à la fois sur le terrain et dans l’opinion publique. Les accusations de génocide et les réactions internationales mettent en lumière la complexité d’un conflit où chaque camp cherche à imposer sa narrative. Reste à savoir si une solution durable et juste pourra émerger de ce chaos médiatique, ou si ce conflit continuera d’alimenter une spirale de violence et de désinformation. N.B. Cet article a été rédigé en mai et ne tient pas compte des derniers développements de ce conflit. UN GÉNOCIDE, C’EST QUOI ? Selon la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, approuvée le 9 décembre 1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies, un génocide est « un acte commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Ils sont au nombre de six : • Meurtre de membres du groupe ; • Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ; • Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence entraînant sa destruction physique totale ou partielle ; • Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ; • Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe. La Cour internationale de Justice a placé la barre très haut pour établir l’intention génocidaire d’un État. Elle a ainsi refusé de reconnaître la Serbie responsable de génocide lors du massacre de Srebrenica en 1995 pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine – qui a fait 8000 victimes parmi la population masculine : seul, le général Radislav Krstić a été jugé coupable par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Même constat dans le cadre du génocide des Tutsis au Rwanda commis par les milices hutues (plus de 800000 morts) : premier ministre du gouvernement intérimaire, Jean Kambanda a été condamné, en 1998, à la réclusion à perpétuité pour sa participation à ce génocide – comme plusieurs de ses ministres. Israël est enlisé dans un champ de mots et d’ images qu’ il ne maîtr ise plus. D’un côté, il continue de se référer au massacre du 7 octobre pour légitimer la pluie de missiles sur Gaza. De l ’autre, le Hamas nourr it la machine médiatique de nouvelles images de bombardements, de morts et de blessés. 17 FÉ VR I ER-MA I 2024

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