CIG_JOURNAL_N°14_FLIPBOOK

Huit mois après l’attaque terroriste du 7 octobre dans le sud du pays, l’État juif est accusé de « génocide » dans la bande de Gaza et se retrouve de plus en plus isolé sur la scène internationale. Aveuglé dans sa volonté d’anéantir le mouvement islamiste, est-il en train de perdre la guerre de la communication ? Décembre 2023. L’Afrique du Sud interpelle la Cour internationale de Justice (CIJ), à La Haye, et accuse Israël de « génocide » dans la bande de Gaza. Aux yeux du gouvernement de Pretoria, l’État hébreu viole ses obligations relatives à la Convention sur le génocide de 1948. L’attaque est frontale. Elle fait écho aux images d’immeubles éventrés et de Palestiniens exsangues qui circulent sur les écrans. Elle provoque surtout une vague de réactions autour de la planète. Au Brésil, le président Lula da Silva compare l’offensive israélienne contre le Hamas « à la Shoah ». La Colombie rompt ses liens diplomatiques. La Turquie suspend ses relations commerciales. Experte indépendante mandatée par le Conseil des droits de l’homme, Francesca Albanese ajoute de l’huile sur le feu : « La nature et l’ampleur écrasante de l’assaut israélien sur Gaza et les conditions de vie destructrices qu’il a causées révèlent une intention de détruire physiquement les Palestiniens en tant que groupe. » Les dix-sept juges de la CIJ, eux, finissent par admettre « un risque réel et imminent qu’un préjudice irréparable soit causé à la population palestinienne ». Ils prennent alors six mesures conservatoires pour empêcher la dégradation de la situation, contraignant Israël « à prendre toutes les mesures pour éviter les actes de génocide à Gaza, à punir les incitations à la haine et leurs auteurs, à assurer une aide humanitaire d’urgence, et à conserver les preuves liées à l’accusation de génocide ». À Jérusalem, la pilule est difficile à avaler. Pour le premier ministre, Benjamin Netanyahu, c’est « le monde à l’envers ». Ministre de la Défense, Yoav Gallant se montre plus virulent : « Israël n’a pas besoin de recevoir des leçons de morale pour faire la distinction entre des terroristes et la population civile. Ceux qui recherchent la vérité ne la trouveront pas sur les fauteuils en cuir de La Haye, mais dans les tunnels du Hamas où sont encore détenus 136 otages et où se cachent ceux qui ont assassiné nos enfants. Israël n’oubliera jamais le 7 octobre. » DÉSINFORMATION ET MANIPULATION Que s’est-il passé entre ce 7 octobre de sinistre mémoire et ce printemps 2024? Comment les Israéliens sont-ils passés de la position de peuple agressé à celle de génocidaire potentiel ? «C’est un classique du genre », analyse Stéphane Amar, correspondant de la RTS à Jérusalem. « À chaque guerre, on retrouve la même dynamique : Israël est attaqué, on commence par le plaindre, ensuite, Israël réplique et on finit par le condamner ! Certaines nations n’ont pas encore intégré l’ idée qu’Israël avait le droit de se défendre, parce qu’en 2000 ans, le peuple juif ne l’avait jamais fait... » Mais cette guerre contre le Hamas n’est pas tout à fait comme les autres. Si la propagande et la manipulation ont toujours existé (on se souvient encore du « faux charnier » de Timisoara en 1989...), si la chaîne CNN a permis à la planète entière de suivre l’opération américaine à Bagdad, baptisée «Tempête du désert », en 1991, les réseaux sociaux, devenus la norme au XXIe siècle, ont fait tomber toutes les barrières de la désinformation et des « fake news », faisant de ce conflit une véritable guerre de la communication sans merci : tous les moyens sont bons pour influencer l’opinion publique. Et, à ce jeu-là, Israël a visiblement perdu du terrain ! ISRAËL VS. HAMAS : LE POIDS DES BOMBES, LE CHOC DES IMAGES TEXTE ADRIEN MAILLARD © PRISCILLA DU PREEZ– UNSPLASH COMMENT LES ISRAÉLIENS SONT-ILS PASSÉS DE LA POSITION DE PEUPLE AGRESSÉ À CELLE DE GÉNOCIDAIRE POTENTIEL ? 15 L’ENQUÊTE FÉ VR I ER-MA I 2024

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