que, si son nom apparaît, dans les médias ou dans un rapport d’activité, « cela peut donner envie aux autres de donner à leur tour ». D’où vient ce besoin? Francis Minkoff ne se considère pas comme « religieux ». «Mais c’est écrit dans la Torah», plaide-t-il. «Depuis 5000 ans, les Juifs doivent redistribuer 10% de leurs revenus chaque année. Si vous allez dans les musées, dans les salles de concerts, les Juifs sont toujours les plus généreux. Estce que cela vient de ça ? Je ne sais pas. » Le principe de tsedaka est en effet inhérent au judaïsme. Dans son Mishné Torah, Moïse Maïmonide en distingue huit niveaux – selon la proximité entre le donateur et celui qui reçoit le don, que le don soit connu publiquement ou anonyme... C’est ce qui a certainement conduit une une grande partie de la communauté juive à la philanthropie ! PLUS D’UN AN DE PRODUCTION Alors, lorsque Jacob Toledano, ministre officiant à Beth Yaacov, lui demanda s’il ne souhaitait pas offrir un Sefer Torah à la synagogue, Francis Minkoff lui a naturellement prêté une oreille attentive. Laisser un souvenir de sa famille, faire une mitsva pour ses enfants et ses petits-enfants... Dans le prisme de sa vie d’homme, ce projet lui a naturellement parlé. Une trace. Un don. Mais il a laissé le soin à son ami de gérer la production 100% manuscrite de cette copie du Pentateuque – les Cinq Livres de la Bible – selon les règles traditionnelles. Il a d’abord fallu trouver un scribe expérimenté, en Israël, disponible pour consacrer plus d’une année à reproduire l’intégralité de ce texte avec une plume d’oie et une encre noire ferro-gallique – soit 187 chapitres, 5845 versets et 304805 caractères précisément. La moindre erreur lors de l’inscription, tant qualitative que quantitative, rend l’intégralité du Sefer Torah invalide. « Le texte est vérifié deux à trois fois, même par ordinateur », s’enthousiasme Francis Minkoff. « Et le scribe travaille sur un seul parchemin, cousu à la main, susceptible de durer des centaines d’années... Il n’est pas facile d’être Juif, vous savez ! » Il ponctue cette phrase d’un sourire. Il a opté pour une version légère, choisissant avec un soin tout particulier la robe qui vient protéger l’objet d’art – avec cette inscription en hommage à ses parents. «Un petit Sefer Torah est plus facile à transporter, surtout si on souhaite le prêter à d’autres synagogues », admet Jacob Toledano. « Si on le laisse tomber, ce n’est jamais bon signe et toute la communauté doit jeûner pendant 24 heures. » L’arrivée d’un Sefer Torah dans la synagogue est en revanche un moment de joie et de célébration, ponctué de chants, de danses et de prières. Symboliquement, on sort les anciens Sifrei Torah pour recevoir le nouveau. «Chacun doit avoir son Sefer Torah », explique Jacob Toledano. «D.ieu n’a pas créé un monde parfait et nous avons la responsabilité de le parfaire. Étudier le Sefer Torah nous permet de nous élever, de réfléchir et de nous remettre en question tous les jours. » Aux yeux de Francis Minkoff, avoir son Sefer Torah est une bénédiction. Un cadeau. « Il est assez émouvant de savoir que les rares fois où j’ irai à la synagogue et que je serai appelé à la Torah, je pourrai lire la mienne. » Et voir son petit-fils déchiffrer le texte biblique lors de sa bar-mitsva a été un instant très riche en émotions. L’arr ivée d’un Sefer Torah dans la synagogue est un moment de joie et de célébration, ponctué de chants, de danses et de pr ières. 23 OC TOBRE 2023 – JANV I ER 2024
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