CIG Magazine N°13

SEFER TORAH : LE DON DE FRANCIS MINKOFF TEXTE JEAN-DANIEL SALLIN Sa passion pour la pierre l’a toujours incité à laisser une trace dans la société civile. Et la fondation qu’il a créée en 2009 avec son épouse, Marie-France, lui permet de satisfaire ce besoin de donner, d’aider, de soutenir... Encouragé par Jacob Toledano, ministre officiant à la synagogue Beth Yaacov, Francis Minkoff a naturellement accepté d’offrir un Sefer Torah à la communauté juive. Portrait d’un homme qui cultive l’idée de transmission au quotidien. Est-il important de laisser une trace de son passage sur Terre ? Pourquoi la transmission aux générations futures est-elle si essentielle dans une vie ? À ces questions, Francis Minkoff répond à sa manière. Par le verbe, certes, mais surtout par les actes. L’homme a hérité de son père, André, une passion sans bornes pour la pierre. Encore aujourd’hui, il continue de construire et d’acheter des immeubles, de les rénover, de les rehausser... Plus qu’un bâtisseur, il reste un visionnaire, toujours à l’affût de projets, cherchant à revaloriser le patrimoine architectural de Genève. « Je ne vends quasiment jamais les bâtiments de notre parc immobilier, que mon père avait commencé à constituer dans les années 50-60», admet-il. En revanche, il laisse à son fils, Alexis, le soin de développer des promotions aux quatre coins du canton : président de FMManagement – un family office chargé de gérer les biens immobiliers de la famille, il est à l’origine de magnifiques résidences, notamment à Chêne-Bougeries, Cologny ou Chambésy. « Un jour, alors qu’ il avait une place en or chez Caterpillar à l’étranger, il m’a téléphoné pour me demander s’ il pouvait revenir en Suisse pour travailler avec moi », se souvient Francis Minkoff. «C’est un cadeau de D.ieu ! Tout père rêve de ça. Cet amour de la pierre s’est transmis tout naturellement – de père en fils. Un peu comme le judaïsme finalement... » Lui tient à rester actif. Le mot « retraite » ne fait pas partie de son vocabulaire. Car il est conscient que « partir, c’est mourir un peu ». Il nage tous les matins dans la piscine aménagée dans la splendide villa qu’il a mis dix ans à bâtir sur la commune de Vandœuvres. Il se nourrit de musique classique et d’opéra. Avec son épouse, il s’occupe surtout de la fondation qu’il a créée en 2009, pour soutenir des projets dans la culture, les actions sociales, l’éducation et la recherche médicale. S’INVESTIR AU NIVEAU LOCAL « Il est plus doux de donner que de recevoir. » La citation d’Épicure accueille le visiteur sur le site de la Fondation Francis & Marie-France Minkoff. Le couple l’a faite sienne. Là encore, l’exemple de son père est fondamental. «Mon père a toujours été très généreux avec les autres, notamment en Israël. Il avait bien gagné sa vie et il tenait à rendre ce qu’ il avait reçu. » Après la mort d’André Minkoff, son fils a poursuivi cette œuvre en Terre Sainte, érigeant des bâtiments pour les universités de Tel-Aviv ou de Ben-Gourion, participant entre autres à la construction du bâtiment solaire à l’Institut Weizmann des Sciences. C’est également là, à Rehovot, qu’il racheta la première orangeraie créée par son arrière-grandpère, agronome de formation, pour y bâtir un musée, The Minkoff Citrus Orchard Museum. « Il accueille aujourd’hui plus de 100000 visiteurs par année », précise-t-il. Mais Francis Minkoff a souhaité s’investir aussi dans la communauté locale. La création de la fondation s’inscrit dans ce sens. « Il est merveilleux de donner des bourses, de permettre à des jeunes de poursuivre leurs études ou leur formation pour entrer ensuite à l’université ou au conservatoire. Nous avons aussi formé des pilotes d’avion. L’un d’entre eux, à chaque fois qu’il survole Israël, m’envoie un coucou... » Avec son épouse, il a soutenu des projets de recherches aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) pour la transplantation d’organes ou la maladie d’Alzheimer. « J’aime me plonger dans ces dossiers et tenter de comprendre. C’est extrêmement nourrissant ! » DONNER : UNE TRADITION JUIVE La Fondation Francis & Marie-France Minkoff reçoit des centaines de demandes de soutien par année. Par e-mail ou par la poste. Leur assistante, Sophie, se charge d’un premier tri. «Nous nous réunissons une fois par mois pour décider, selon l’ intérêt du dossier, et j’écris le montant alloué en bas de page. Nous restons petits, mais nous sommes heureux de l’être... » Et ne comptez pas sur Francis Minkoff pour rester anonyme ! Ce n’est pas un péché de vanité : il pense ® SHUTTERSTOCK ® LIONEL FLUSIN Francis Minkof f a hér ité de son père sa passion sans bornes pour la pierre. LE PORTRAIT LE PORTRAIT 22 LE MAGA Z INE DE L A C I G N ° 1 3

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