CIG Magazine N°12

NOGA : GARDIENNE DE LA LUMIÈRE TEXTE FLORIANE PIERMAY Née le 26 août 1961, Noga est la seule de la fratrie à voir le jour en terre helvétique, à Genève, le reste de sa famille venant tout droit d’Israël. Passionnée de musique depuis sa plus tendre enfance, elle s’engage tout de même dans des études de droit. Comme pour rassurer un père soucieux de l’avenir de sa chère benjamine, elle devient avocate. Pourtant, ce qui l’anime, c’est cette musique, qu’elle assimile à une «vibration transcendante» et permanente, impossible à dissocier de sa personne. Noga n’est pas simplement une auteure-compositrice. C’est une artiste dans l’âme, pleinement consciente d’un corps au service de sa voix, d’une voix au service de son corps. Tout naturellement, ces deux « instruments » indivisibles lui permettent de trouver sa voie et de montrer le chemin à ceux qui la croisent. Entre sagesse, humour et questions existentielles, Noga – cette «étoile du matin» qui porte si bien son prénom – nous a accueillis pour un instant, suspendu dans le temps, entre les murs de Catalyse, la friche culturelle axée sur la voix qu’elle a fondée il y a 20 ans dans le quartier des Eaux-Vives. «Je me suis récemment posé la question : qu’aurait été ma vie, si je n’avais pas fait ces choix?» Noga a toujours su que son désir le plus fort était de « faire de la scène». Une évidence pour elle. Depuis petite, la musique l’attire comme un aimant. Alors qu’elle n’a que 17 ans, elle écrit une comédie musicale. Mais pour une multitude de raisons – dont la peur, le contexte social de l’époque et un père inquiet que sa fille se produise devant des salles vides et qui se questionne sur cette vie d’artiste – le doute s’installe. «Le drame pour mon père, c’était qu’il n’y ait personne. ‹Mais comment tu vas vivre?›, me disait-il. » DROIT ET EXPRESSION SCÉNIQUE Elle s’engage alors dans la voie que l’on attend d’elle et suit des études de droit, pour devenir avocate. Ne renonçant pas à ses envies, mais tiraillée, elle se forme parallèlement à l’expression scénique, au théâtre, au piano, au chant. Puis… «Mon corps ne supportait plus les échéances. Je savais que je n’étais plus en accord avec moimême. J’approchais la trentaine… mais on réalise que la vie passe. » Un beau jour, son père l’entend chanter en hébreu. Une révélation. Il comprend que sa fille n’est pas sous l’emprise d’une simple lubie. Il est loin de ce monde fait de strass et de paillettes qui la fait tant rêver, mais il comprend, à ce moment-là, que c’est sa destinée. ® JOHANN SAUTY ® JOHANN SAUTY Noga, entourée de gauche à droite, par son f ils, Asher, Patr ick Bebey, Olivier Koundouno et Arnaud Laprêt. LE PORTRAIT LE PORTRAIT 26 LE MAGA Z INE DE L A C I G N ° 12

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