CIG Magazine N°12

BINYAMIN GREILSAMMER : « JE DÉTESTE LES CHOSES CONNUES » À l’initiative de ce spectacle, Binyamin Greilsammer a voulu en faire « une île de paix ». Contre vents et marées, il s’est battu pour concrétiser ce projet en collaboration avec la CIG, et l’amener sur la « scène » de Beth Yaacov : réunir les textes, trouver les musiciens, assurer le financement, organiser les répétitions... Spécialiste de musique baroque, il a tenu à dédier cette première à Evelyne Morali et son équipe du Service social. «À mon arrivée à Genève, c’est la seule personne qui m’a aidé et soutenu au niveau physique et matériel. Je lui avais toujours promis qu’avant de partir d’ ici, je ferais quelque chose pour elle... » Pourquoi vous êtes-vous intéressés à Sarra Copia Sullam? Ma mère est prof d’art et d’histoire et, un jour, elle m’a parlé de cette femme qui vivait dans le ghetto de Venise. J’étais fasciné par cette histoire. Rendez-vous compte ! Tous les gens, en dehors du ghetto, venaient l’écouter dans son salon, tant ils l’admiraient. Ils étaient intéressés par sa présence, par son esprit... C’était inconcevable à cette époque ! Elle a vraiment eu un impact incroyable. Et j’ai tiré un parallèle avec Salomone Rossi qui, à la même époque, était le seul compositeur juif religieux. Ce sont pourtant deux personnages historiques peu connus par le public... C’est une petite particularité chez moi : je déteste les choses connues. Même si Salomone Rossi est assez réputé dans la « niche » de la musique baroque. Mon objectif est toujours de chercher et de trouver des points communs dans le cœur des êtres humains. Cette période – de 1590 à 1700 environ – s’est révélée très prolifique en Europe. Ces cent ans ont été d’une force inouïe pour l’ensemble du continent. Et, à mon avis, cela n’existera jamais plus ! Pourquoi cette passion pour la musique baroque ? Le baroque se base sur une musique modale et cette musique modale a une place particulière dans mon cœur. Elle nous vient de l’Antiquité et de périodes anciennes. À mes yeux, elle représente la splendeur d’une époque qui s’achève – avant l’arrivée de la musique classique. On présente souvent le baroque comme la musique des rois et des reines. Mais, en fait, c’est une musique très populaire, l’ancêtre du folk européen... C’est pour cette raison que le baroque était à la mode dans les cours royales : rois et reines s’ennuyaient dans leur palais et ils aimaient voir leurs sujets s’amuser, danser et jouer. Pour eux, c’était une manière de rester en vie ! Ce spectacle aura une vie après cette première. Plusieurs synagogues se sont montrées intéressés à l’accueillir... C’est exact. Comme il existe en français, je commencerai certainement par Paris, puis l’Hexagone. Mais je suis en train de le traduire en italien pour le jouer à Venise... De la musique d’avenir ! J’aimerais beaucoup l’interpréter avec un vrai orchestre, composé de 20-30 musiciens, des comédiens, de l’orgue... Responsable de la troupe de théâtre de la CIG, Ha'macom, Michal Kalfon s'est glissée dans la peau de la poétesse, Sarra Copai Sullam. 25 AVR I L-SEP TEMBRE 2023

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