CIG Magazine N°12

LIONEL HALPÉRIN : « VOTER EST UN ACTE CITOYEN IMPORTANT ! » TEXTE JEAN-DANIEL SALLIN À 49 ans, Lionel Halpérin a décidé de se porter candidat au Conseil National sur la liste du Parti Libéral-Radical. Avec des chances réelles d’être élu le 22 octobre ? Certainement. Associé de l’étude Ming, Halpérin, Burger & Inaudi, ancien bâtonnier de Genève, père de quatre enfants, l’avocat a déjà goûté à la politique au niveau cantonal, puisqu’il a été député du Grand Conseil pendant cinq ans, marchant sur les traces de son père, Michel Halpérin, décédé en 2014, véritable pilier du parlement genevois (1984-1989, puis 1993-2009). Vous êtes candidat au Conseil National. Pourquoi avoir choisi de vous lancer dans cette aventure ? J’ai une petite expérience de politicien, d’abord comme membre de l’assemblée constituante (2008-2012), puis comme député au Grand Conseil (2013-2018). Le Conseil National me semblait être l’étape logique suivante pour deux raisons. Tout d’abord, la Suisse permet de pratiquer la politique comme activité de milice. J’ai une activité professionnelle que j’aime et que je veux poursuivre : je n’aurais pas pu me porter candidat à un exécutif. La deuxième raison, et certainement la plus importante, c’est que le parlement fédéral semble fonctionner mieux que le parlement cantonal, avec des personnes qui s’écoutent plus et qui essaient de travailler ensemble au bien commun. D’où vient cette volonté de s’engager politiquement ? Je suis tombé dans la marmite quand j’étais petit. Il y a une tradition familiale d’engagement dans la cité, d’abord avec mon grandpère, dans la vie civile et communautaire, puis avec mon père – qui a fait passablement de politique avant moi. Autant dire que le virus m’a très vite contaminé ! Je me suis toujours intéressé à la politique, notamment au niveau international, et, dès que j’en ai eu l’occasion, je me suis lancé. Donner du temps à la collectivité et à la cité est important pour moi. Que gardez-vous de votre expérience au Grand Conseil ? D’un côté, j’ai pu rencontrer des personnes de qualité, issues de mon parti, le PLR, mais aussi d’autres partis. De l’autre, j’ai découvert un parlement qui manquait d’efficacité et qui n’avait pas une vraie volonté de se réformer. Avec la Constituante, nous avions proposé un projet de réforme du parlement avec des orientations claires données par la nouvelle constitution : il a été balayé. Je trouve dommage que nous ne soyons pas plus efficaces dans la gestion publique, alors que les sujets locaux, tels que la fiscalité ou l’instruction publique, sont passionnants. Nous pourrions faire plus en moins de temps ! Est-ce une particularité de Genève, cette inefficacité ? Il y a une tendance naturelle dans les parlements à ronronner un peu et à ne pas se remettre en question. Mais cette situation est exacerbée à Genève par sa proximité avec la France et ses mœurs politiques plus conflictuelles. Au Grand Conseil, il y a beaucoup de débats pour la galerie, avec de longs monologues que personne n’écoute ou presque, même lorsqu’il y a consensus. Être plus efficace pour épuiser l’ordre du jour implique d’accepter qu’une partie du travail se fasse en commission... Quel regard portez-vous sur l’évolution de Genève ? Il est double. La situation actuelle de Genève n’est pas aussi mauvaise qu’on le dit. Il y a même beaucoup de choses enthousiasmantes qui se passent ! Cette ville a la capacité d’attirer des activités économiques hors normes, elle capte les regards du monde entier grâce à ses organisations internationales et la qualité de vie y est plutôt bonne. En même temps, il y a des problèmes de mobilité, de logement et de criminalité locale, une fiscalité trop lourde pour ceux qui travaillent avec pour conséquence qu’un certain nombre de personnes de la classe moyenne rencontre des difficultés économiques réelles... Ces problèmes ne sont pas insolubles, mais ils sont causés en partie par les carcans que nous nous sommes imposés nous-mêmes, avec des lois qui cherchent à tout réglementer et qui empêchent les activités économiques de se développer comme elles le devraient. L’image de Genève à Berne n’est pas toujours très positive. Comment peut-on l’améliorer ? Cette image est justifiée, pour partie, par un certain nombre de « Genferei » et une tendance à dépenser toujours plus. Mais il faut néanmoins rappeler que Genève est l’un des rares cantons qui contribuent de manière importante à la péréquation financière et, de ce fait, apporte des revenus substantiels aux autres cantons et reste l’un des deux pôles économiques principaux du pays. Le modèle genevois, avec ses défauts à corriger, est donc loin de démériter en comparaison suisse. « GENÈVE EST L’UN DES RARES CANTONS QUI CONTRIBUENT DE MANIÈRE IMPORTANTE À LA PÉRÉQUATION FINANCIÈRE ET, DE CE FAIT, APPORTE DES REVENUS SUBSTANTIELS AUX AUTRES CANTONS ET RESTE L’UN DES DEUX PÔLES ÉCONOMIQUES PRINCIPAUX DU PAYS. » 11 LA RENCONTRE AVR I L-SEP TEMBRE 2023

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