CIG Magazine N°09

L'ENQUÊTE ISRAËL, EXPERT EN AGRICULTURE HIGH TECH L’État hébreu est devenu le verger de la planète en investissant massivement dans la recherche et le développement. Une méthode de micro-irrigation mise au point en 1965 lui a ainsi permis de transformer le désert du Néguev en terres fertiles. Père fondateur de l’État d’Israël, David Ben Gourion a visité le désert du Néguev, dans le sud du pays, pour la première fois en 1935. Son constat fut sans équivoque : dans cette région, il ne manquait que deux choses, de l’eau et des Juifs ! Il se mit alors en tête de transformer ces étendues stériles en terres fertiles. Une vision qu’il partagea dans un livre, Southwards, paru en 1956 : « Il est absolument vital pour l’État d’Israël, à la fois pour des raisons économiques et sécuritaires, d’aller vers le sud : nous devons diriger l’eau et la pluie vers là-bas, y envoyer les jeunes pionniers, ainsi que l’essentiel des ressources de notre budget de développement. » Plus de 60 ans plus tard, les dunes du Néguev sont devenues une sorte de Silicon Valley orientale, la fierté d’une nation à la pointe de la technologie en matière d’agriculture, de cybersécurité et de robotique. Mieux : Israël est surtout parvenu à « faire fleurir » ce désert. Située entre le Sinaï égyptien et la Jordanie, cette région – qui représente 40% de la surface du pays – est désormais considérée comme le verger de la planète. Comment ce pays – dont le climat aride, avec seulement 80mm de précipitations par an, est peu propice à l’agriculture – a-til pu devenir l’un des plus gros exportateurs de produits frais ? Qu’est-ce qui a permis à cet État, sans aucune tradition agricole, de fournir près de 80% des tomates cerises sur l’ensemble du globe ? L’ESSOR DES KIBBOUTZ Israël a d’abord adopté une politique volontariste : le gouvernement a versé des subventions aux personnes qui acceptaient de s’installer dans le sud du pays. Des aides qui permettaient souvent de financer le matériel nécessaire pour lancer une production agricole. Mais l’État s’est également basé sur sa propre histoire, avec l’essor des kibboutz dans les années 20-40, pour développer son agriculture. Ces communautés – dont les moyens de production et les bénéfices sont collectivisés – ne représentent aujourd’hui que 2% de la population, soit plus de 170000 personnes vivant dans ces 265 villages coopératifs, mais elles sont responsables de 45% de la production agricole. Restait à savoir comment amener de l’eau dans cette région désertique… Israël s’est très vite profilé comme un leader dans ce qu’on appelle l’AgriTech. Il est même le pays qui investit le plus dans ce domaine devant la Corée du Sud et le Japon. De nombreuses institutions et centres de recherches – Vulcani Center, Université Ben Gourion du Néguev, Institut Weizmann, Université hébraïque de Jérusalem, etc. – travaillent d’arrache-pied dans la lutte contre la désertification et forment des agronomes issus du monde entier. Et il n’est pas rare que les exploitations soient elles-mêmes reliées à ces « laboratoires » pour tenter de pallier le manque d’eau. ® SHUTTERSTOCK L’État d’Israël a développé un vaste système de désalinisation de l’eau de mer dans tout le pays pour pouvoir irriguer les champs. 14 LE MAGA Z INE DE L A C I G N ° 09 L’ENQUÊTE

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