CIG Magazine N°07

L’ENTRETIEN AU CINÉMA AVEC IRMA DANON ET LAURENT SELVI ! La onzième édition du Festival International du Film des Cultures Juives de Genève se tiendra du 13 au 20 octobre prochain. Parmi la dynamique équipe qui donne vie chaque année à cet évènement qui propose films, documentaires et courts-métrages venus du monde entier autour de la culture juive au sens large, les époux Irma Danon et Laurent Selvi s’impliquent chacun à leur façon. Tandis que l’ancienne journaliste veille à la programmation et assure la présentation des films du festival, lui en est le président. Interview à deux voix autour de cette collaboration qui va bien au-delà d’une histoire de couple ! Comment, en 2011, avez-vous eu l’idée de créer ce festival ? Laurent Selvi Ce festival est la version locale d’un évènement très connu en Angleterre, qui existe depuis 25 ans. Ici, il a été créé il y a onze ans, par Alan Howard, un financier anglais, grand philanthrope impliqué dans la cause juive. Il l’a, en quelque sorte, rapporté dans ses bagages lorsqu’il s’est installé à Genève. D’ailleurs, même si la programmation est « affinée » au niveau local, l’administration et l’organisation de la manifestation se font en grande partie toujours à Londres. Irma Danon Il faut savoir qu’en Angleterre, le UK Jewish Film Festival est un évènement culturel très important. Il réunit personnalités du monde politique, culturel et social. Le festival draine plus de 20000 spectateurs sur une année entre Londres et Brighton... Il a une toute autre dimension que celui de Genève qui est en, quelque sorte, le « petit frère ». Pourquoi avoir eu envie de vous impliquer dans son organisation ? ID Parce qu’un évènement de ce type nous a immédiatement parlé, avec cette idée de créer un rendez-vous autour de la culture juive. Et parce que nous aimons passionnément le cinéma. Laurent est un très fin cinéphile. Ce festival est la seule manifestation juive qui ne soit pas communautaire. La culture permet cette ouverture… On ne se limite pas à la religion juive ou aux cinéastes israéliens, loin de là. Dans l’organisation, dans nos choix, nous avons une grande liberté tout en présentant plusieurs facettes de la culture juive. En Angleterre, le festival s’appelle le UK Jewish Film Festival, avec une nuance qui est difficile à transposer en français. C’est pour cette raison que nous avons nommé la version genevoise Festival du Film des Cultures Juives et non pas Festival du Film Juif. L’édition 2021 sera la onzième édition ? ID Oui, la première édition a eu lieu en 2011. Le festival se tiendra du 13 au 20 octobre, selon les règles sanitaires actuelles, en mode hybride avec quelques évènements en public et d’autres en ligne. Il proposera, selon sa formule habituelle, une douzaine de films, documentaires, court-métrages de toutes origines en version originale, toujours sous-titrés en français. Nous profiterons de la présence d’acteurs et de réalisateurs qui viendront parler de leur film. Le film d’ouverture, projeté le soir de la soirée de gala est le fameux Persian Lessons. C’est un film puissant, intense, qui vous prend aux tripes, et qui montre les capacités invraisemblables à réagir en cas d’urgence absolue. Comment s’opère la sélection ? ID Un premier choix est fait à Londres où l’on nous propose la plus grande partie de ce qui est programmé. Nous faisons également des suggestions avec des productions en langue française susceptibles d’intéresser le public local. Avec Donna Adiri, qui est la productrice du festival, nous visionnons tous les films et retenons ce qui nous semble pertinent pour peaufiner la programmation. Donna est celle sur qui tout repose ici, elle coordonne le festival et s’occupe de la logistique. Mettre sur pied une programmation n’est pas simple, il faut négocier, convaincre les distributeurs. Plus ils sont importants, plus c’est compliqué. Nous sommes un petit festival, mais on arrive à leur faire comprendre que cet évènement est un grand moment de rencontres, avec un public de vrais passionnés. Parvenez-vous à obtenir des exclusivités ? ID On essaie évidemment de proposer des choses qui ne sont pas encore sorties, qui n’ont pas été vues partout. Il faut bien penser que la plupart des films que nous proposons ne pourraient pas être visibles ailleurs en Suisse. C’est une opportunité unique de voir en quelques jours ce genre de films. C’est intense, et cela fait partie du plaisir d’un festival. Parfois, cela ne nous dérange pas de programmer des films pas tout à fait récents mais avec un véritable intérêt pour le public. C ’est le cas cette année avec The Human Factor qui vous plonge dans les négociations israélo-palestiniennes à l’époque de Clinton, avec une vue sur les coulisses de ce moment d’histoire. C’est un documentaire à voir absolument ! L’année dernière, ce moment de rencontre a pris une forme particulière avec un succès inattendu ? LS Oui, cela a été vraiment particulier en raison de la pandémie. Nous avons dû faire des choix compliqués. Nous avons dû repousser les dates de la tenue du festival à deux reprises. Nous nous sommes longuement interrogés sur la manière de maintenir la programmation. Les gens manifestaient un grand besoin d’accès à la culture. Notre budget était bouclé, et grâce à la générosité de nos sponsors, nous avons pu offrir ce festival au public en ligne avec un délai de 72 heures pour visionner gratuitement chaque film. Cela a eu un très grand succès ! Nous avons vraiment travaillé pour maintenir au maximum l’expérience festivalière, en gardant avec les présentations, l’esprit du festival. Nous avons eu de très bons retours et un nombre de spectateurs bien au-dessus de nos attentes ! 10 L’ENTRETIEN LE MAGA Z INE DE L A C I G N ° 07

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