CIG Magazine N°06

Inspirée par vos ambitions WWW. BUXUMLUN I C .CH LANCER VOS NOUVEAUX PROJETS ACCRO Î TRE VOTRE V I S I B I L I TÉ PÉRENN I SER VOTRE COMMUN I CAT I ON BuxumLunic | Agence de communication Rue Du-Bois-Melly 2, 1205 Genève info@buxumlunic.ch | +41 22 960 97 50 C M J CM MJ CJ CMJ N BxL-Annonce-190x277-prod-OK.pdf 1 02/02/2021 11:27 LE REPORTAGE LA BIBLIOTHÈQUE AUX NOMBREUX TRÉSORS C’est une atmosphère particulière, que savent reconnaître tous les bibliophiles du monde. Un parfum caractéristique des pages alignées sur les rayonnages, des bruits étouffés et un calme rare que rien ne sau- rait troubler – sinon l’agitation des enfants qui suivent les cours de Talmud Torah les mercredis après-midi. Au quotidien de la bibliothèque Gérard Nordmann, nichée au premier étage de la Communauté Israélite de Genève, s’orchestre un ballet silencieux mettant en scène des bénévoles passionnés et un bibliothécaire virtuose. La bibliothèque Gérard Nordmann, créée en 1946, partage cette ambiance suran- née avec les autres établissements gene- vois. Elle s’en distingue par son contenu, rassemblant quelques 30000 ouvrages et documents, romans, journaux, disques, CD ou même DVD relatifs à la littérature, à l’histoire, à la politique, à la philosophie ou à la religion juive ; notamment en français, russe, ladino, anglais, allemand, polonais, hébreu, araméen ou yiddish qui n’ont fini de surprendre personne. Installés au pre- mier étage de la Communauté Israélite de Genève, ses rayonnages foisonnants sont ouverts à tout un chacun, membre ou non de la communauté, de confession juive ou pas, moyennant pour les visiteurs extérieurs de s’annoncer et de présenter une pièce d’iden- tité. Et pour cause : la bibliothèque abrite des raretés et quantité de trésors encore insoupçonnés qu’on ne trouve qu’avenue Dumas, à Genève. Des ouvrages originaux, par exemple, que l’équipe qui arpente ses allées découvre au quotidien. La bibliothèque privée du rabbin Haim Lauer, grand rabbin de Mannheim puis de Bienne, fournie en lit- térature rabbinique et en judaica allemands d’avant-guerre. Ou encore un manuscrit rare d’une valeur exceptionnelle, le Sefer Neh- mad ve Naïm (Prague, 1613), du rabbin David Gans… C’est parmi ces ouvrages que nous guident en cette après-midi de mai Anita Halasz, responsable du service culturel et de la Bibliothèque, Yves Chicheportiche, bénévole enthousiaste et engagé, et Ziv Perry, bibliothécaire émérite. CATALOGAGE DE LA COLLECTION Ensemble, ils ont initié un vaste chantier en les murs de la bibliothèque Gérard Nord- mann. Face à la richesse du fonds, et devant ses trésors insoupçonnés, ils ont entrepris de cataloguer les deux-tiers de la collection qui sont encore en souffrance. Les respon- sables de cette entreprise titanesque? Anita Halasz et son bras droit opérationnel, Yves Chicheportiche, immunologiste de car- rière aujourd’hui à la retraite, qui rejoint la bibliothèque en 2017 en tant que bénévole. «Au cours de mes études et de ma carrière, j’ai fréquenté assidûment les bibliothèques. Je ne maîtrise pas les aspects techniques, je n’ai pas une formation de bibliothécaire, mais j’aime les livres. » Avec quatre autres bénévoles, Jo Bengui, Michèle Benaroch, Israël Feferman et Francine Bengui, il assure l’ouverture de la bibliothèque Gérard Nordmann les lundis, mardis, mercredis et jeudis après-midi. Au contact des utilisateurs de la bibliothèque, le retraité à l’accent chantant du sud de la France s’occupe d’abord des prêts et du développement du nouveau catalogue en ligne. Un quotidien perturbé en 2020 par la crise sanitaire et ses contraintes. «Comme le reste de la CIG, la bibliothèque aussi s’est modernisée en mettant notamment en place le click & collect de livres. » Derrière le bureau d’accueil de la biblio- thèque, Yves fait très vite un constat. « Les visiteurs ou les membres nous apportent beau- coup de livres. J’ai donc pris l’ initiative de les trier, un à un. A-t-on déjà cet exemplaire ? Devons-nous le vendre ou le donner au Service social ? L’ inclure à notre collection ? ». Un an et demi plus tard, ce travail qui concernait quelques 3000 ouvrages s’achève pour ou- vrir un autre chantier : que contient la base de données de la bibliothèque de la CIG? Entre les retours oubliés et les doublons, Yves Chicheportiche entame un grand mé- nage. Il contacte toutes les bibliothèques juives de France et de Belgique pour voir si elles cultivent un intérêt pour les ouvrages en double. Quelques mois plus tard, c’est presque 1 tonne de livres qui est envoyée à la bibliothèque Rachi, à Troyes, et au Centre Culturel et Social Juif de Lyon. MISE EN LIGNE DE LA BASE DE DONNÉES C’est suite à ce grand nettoyage que dé- bute véritablement l’intégration numérique de la collection de la bibliothèque Gérard Nordmann. Face à un outil de recherche peu confortable pour les utilisateurs de la bibliothèque et pas disponible en ligne, Yves se met en tête de dénicher l’outil d’intégration des données et de mise en ligne qui convient à la CIG. C’est sur un logiciel lausannois, BiblioMaker, que se porte le choix de la CIG. «Notre bibliothèque n’a pas pignon sur rue, ex- plique Yves. Il faut passer la sécurité, monter à l’étage… En exposant notre collection en ligne, nous espérons stimuler la fréquentation de la bibliothèque Gérard Nordmann. » Le catalogage impliquant notamment l’en- gagement d’un bibliothécaire ainsi que la mise en ligne de la base de données est rendu possible grâce au sponsoring d’un généreux mécène, la Rothschild Foundation Hanadiv Europe (Londres). Afin de compléter le budget, direction l’entrepôt au sous-sol de la communauté, « la cave », s’amuse Yves à plaisanter. C’est là que beaux livres, cartes postales et tableaux entreposés et préservés depuis plusieurs décennies sont sélectionnés avant d’être confiés aux mains d’un expert parisien. La vente aux enchère couronnée de succès qui s’ensuit permet de voir plus loin que le rayonnage et de récolter les fonds. Près de la moitié de l’étage supérieur a déjà été cataloguée par les bibliothécaires suc- cessifs. La priorité de l’équipe de bénévoles de la bibliothèque ? Compléter les notices de la base de données importée et cata- loguer l’ensemble des quelques 5000 ou- vrages en langue française qui disposent d’un code-barre ISBN. «Quand le code ISBN est existant, cela ne prend que quelques minutes, explique Yves en feuilletant des éditions de poche. Mais cela n’est apparu que vers 1975 ! Pour les ouvrages plus anciens, c’est une autre paire de manches… » 21 MARS -J U IN 202 1

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