CIG Magazine N°06

© POINT-OF-VIEWS.CH © POINT-OF-VIEWS.CH A partir de quel âge et comment sont ac- cueillis les enfants au Gan ? CG Nous les accueillons dès l’âge de 14 mois jusqu’à 6 ans. Le Gan se divise en deux par- ties : les enfants d’âges préscolaires de 14 mois à 4 ans qui sont sous l’égide du SASAJ (ser- vice de l’autorisation et de surveillance de l’accueil de jour) et les enfants âgés de 4 à 6 ans qui sont eux sous l’égide de DIP (dépar- tement de l’instruction publique). Souvent, ils continuent leur scolarité à l’école Girsa. En ce moment, nous avons cent vingt-trois enfants dont pratiquement autant de filles que de garçons. Quelles sont les particularités pour les en- fants accueillis au GAN par rapport à une crèche « traditionnelle » ? CG Comme nous vous l’expliquions, les pi- liers de ce lieu sont les valeurs juives. Tous les matins, nous commençons par une prière, le vendredi, c’est le moment du Kabalat chabbat… YD Le but du Gan Yéladim est de bâtir, pour l’enfant, un monde dans lequel il ex- périmente de nouvelles sensations grâce au message éducatif. Tout cela sera une base solide pour le développement des liens de l’enfant avec le Am Israel, le peuple d’Israël. Le programme du Gan est orienté autour de quelques sujets principaux comme les fêtes juives, les valeurs juives de base, la Parachat hachavoua – section hebdomadaire de la Torah, la prière adaptée aux enfants, le Ka- bbalat Chabbat – l’accueil du Chabat et l’apprentissage de l’alphabet hébraïque. Ce programme est adapté en fonction de l’âge et du niveau des enfants. Nous renforçons le contenu des connaissances assimilées des années précédentes et développons de nouvelles acquisitions. Concrètement, comment cela se passe ? YD Les fêtes juives sont fortement reliées à notre vie quotidienne. Elles sont l’incarna- tion d’un passé chargé d’histoire, un présent toujours vivant et un regard vers le futur. Le sujet des fêtes, le Judaïsme de manière plus générale, est intégré dans le programme gé- néral répondant aux exigences du SASAJ et DIP. Avant chaque fête, des réunions péda- gogiques par groupe d’âge sont organisées avec des directives pour l’enseignement de la fête et un thème choisi pour enrichir les connaissances des enfants. Par exemple, cette année, pour Hanoucca nous avons décidé de développer le thème de l’olivier, de l’huile d’olive et de l’huile en général. Cet enseignement se fait au travers d’activités, d’ateliers, de chants, d’histoires et de travaux manuels. Nous clôturons ces apprentissages par une belle fête. CG Nous avons vraiment un côté grande famille que nous cultivons. Les parents ap- prennent parfois des choses grâce aux re- tours de leurs enfants. Cela leur rappelle ce qu’eux-mêmes ont parfois appris autrefois. Tout le monde se connaît ici. Les maîtresses connaissent tous les enfants et les enfants connaissent toutes les maîtresses. On veut toujours le meilleur pour l’enfant et cette façon de voir est commune à toute l’équipe. Et en dehors des valeurs du judaïsme, quels sont vos piliers éducatifs ? CG L’autonomie, la socialisation, le dévelop- pement moteur et psychomoteur de l’enfant qui se fait dans le respect du rythme et des besoins de l’enfant. Que voulez-vous dire par éducation positive? YD Nous privilégions le dialogue, la parole. Lors d’une dispute par exemple, nous ne disons pas à l’enfant « Il ne faut pas taper ! ». Nous lui expliquons qu’il y a mieux à faire avec cette main, qu’elle peut caresser, consoler. Cela renforce la confiance de l’enfant, il s’in- tègre mieux, dans le respect des autres. On parle beaucoup avec les enfants, on analyse les choses. Nous voulons toujours être dans le positif pour valoriser. CG Cela n’empêche évidemment pas l’exis- tence de règles et les enfants savent très bien se comporter vis-à-vis d’elles. Mais nous sommes là pour répondre à leurs besoins, respecter leurs rythmes, les accompagner, leur assurer une grande sécurité psychoaf- fective. Nous sommes aussi toujours en lien avec les parents qui sont impliqués dans la vie de l’école. A la moindre alerte, à la moindre impression que l’enfant n’est pas comme d’habitude, nous en parlons avec eux. Les enfants ont un petit sac avec un cahier de liaison qu’ils doivent ramener à la maison, chaque deux semaines, le vendredi. Quels sont les outils à votre disposition au quotidien ? CG Nous sommes déjà dans un cadre très favorable, pas loin de Genève mais en même temps entourés de campagne. Les locaux, modernes et conformes aux normes, sont parfaitement adaptés aux plus petits, no- tamment en termes de sécurité, pour éviter tout incident. YD Nous accordons beaucoup d’importance à la décoration des lieux. Toutes les quatre semaines, nous changeons la décoration du Gan, les murs « parlant » aux enfants ils sont pour nous un outil pédagogique. La décora- tion est toujours en accord avec la période, la saison, la fête du moment. Puis nous avons créé beaucoup de matériel pédagogique au service des maitresses, comme par exemple 13 MARS -J U IN 202 1 récemment pour la fête de pessah, des domi- nos de printemps, le sudoku, un Memory, des jeux du plateau du Seder. L’équipe éducative dispose de beaucoup de ressources spécia- lement conçues pour les enfants. Qui apporte son savoir sur les questions de religion ? CG Nous avons la chance d’avoir Yaffa par- mi nous qui est l’épouse du grand rabbin de la CIG! Et en ce qui concerne la vie de la cité, les traditions suisses ou genevoises font aussi partie des sujets que vous abordez ? Ensemble : Bien sûr ! CG Les enfants se déguisent tous pour l’Es- calade ! Nous apprenons la chanson, brisons la marmite. Nous installons un superbe dé- cor un peu théâtral et nous racontons toutes l’histoire aux enfants. C’est très important ! Quelle place accordez-vous aux enfants qui intègrent l’école et qui ne parlent pas français ? CG Nous y sommes très attentifs, peut-être encore plus qu’aux autres enfants, afin qu’ils se sentent bien. Mais il faut avouer qu’à ces âges, l’acquisition de la langue se fait très vite, beaucoup plus vite que pour nous, adultes. YD J’y suis aussi très sensible, ayant moi- même beaucoup été amenée à déménager à deux reprises dans deux pays différents, je sais ce que c’est que de se retrouver dans un environnement inconnu, de ne pas com- prendre la langue. Mais il faut dire que nous avons la chance d’avoir un personnel qui parle de nombreuses langues : hébreu et anglais, entre autres. Donc, il y a toujours moyen de dissiper les doutes ou de rassurer l’enfant le cas échéant. La sécurité est aussi un point très important? CG Oui, bien sûr et dans cela nous sommes très soutenus par la communauté et son équipe très pro dans ce domaine. Depuis novembre de l’année dernière, nous avons un sas à l’entrée, ce qui était une demande des parents. Au départ, nous nous deman- dions dans quelle mesure ce dispositif allait perturber les enfants. En fin de compte, ils ont très vite intégré cela dans leur quotidien. Toutes les mesures, visibles ou invisibles, sont mises en place pour nous permettre de tra- vailler de manière sereine. Et cela fonctionne. Nous savons qu’elles sont là mais nous n’y pensons plus, en fin de compte. Avec la pandémie de Covid-19, vous avez traversé une période très particulière. Quelles sont les mesures que vous avez mises en place ? CG Selon les consignes des autorités, nous avons fermé l’école au mois de mars l’an der- nier. Puis, nous avons rouvert dès le 4 mai, avec un accueil restreint et dès le 11 mai avec une organisation en demi-groupe de classe le matin et l’après-midi. C’était un peu compliqué, car nous avons eu à faire à des maîtresses malades, nous avons dû nous réorganiser. Mais, nous avons toujours gardé le lien avec les enfants et les familles à travers des séances Zoom, ce qui n’est pas toujours facile avec des enfants de trois ans, des fiches d’activités, des échanges avec les parents… YD Au niveau de l’hygiène, l’adaptation aux nouvelles règles n’a pas été difficile car nous avons toujours accordé une grande importance à cet aspect. Il y avait déjà trois désinfections par jour, nous sommes passés à quatre et le nettoyage des mains et des poignées de portes était déjà des gestes ac- quis. Sinon, pour le reste, nous lavons tout chaque jour : draps, serviettes, etc. Et nous avons stoppé les sorties, les activités et les intervenants extérieurs. Et au niveau de l’organisation ? CG Je dirais que le plus gros changement, c’est que les parents ne peuvent plus entrer dans l’établissement. Donc, c’est à nous, le matin, de nous occuper d’aller chercher chaque enfant dehors, de l’accompagner, de l’aider à enlever sa veste, ses chaussures… Et la même chose en sens inverse l’après-midi. Concernant le port du masque, nous avons essayé les masques transparents mais cela ne nous satisfaisait pas. Alors, nous faisons attention, on pousse un peu la voix, on re- formule au besoin. Nous nous sommes ha- bitués… Grâce à toutes ces mesures, nous n’avons pas eu de cas de Covid parmi les enfants. Actuellement, notre équipe com- mence à être vaccinée… Nous espérons vite atteindre une forme d’immunité grâce à cela. Cela va se détendre petit à petit. On sent lorsqu’on pénètre ici qu’il règne un bel esprit de famille… YD Oui, c’est vrai, tout le monde se sent im- pliqué. Et puis nous avons des enfants dont les parents sont aussi passés par le Gan, ils se revoient petits, cela ravive de bons sou- venirs. C’est vrai que c’est plein d’émotions. Le matin, on arrive avec le sourire, contents d’être présents. Nous avons la chance d’avoir une magnifique équipe, investie, et ayant comme seul but le bien-être de l’enfant. Il est très important pour nous d’avoir une équipe soudée et motivée. Pour cela nous organisons chaque année une sortie que nous n’avons malheureusement pas pu faire cette année à cause du Covid. On a tous l’impression d’être là pour quelque chose d’utile, d’épanouissant. On s’investit beau- coup. Parfois, on se dit même que l’on ne montre pas assez tout le travail accompli ici. Le lien avec les parents est fondamental, car il est important pour nous tous de contribuer au développement de l’enfant. Quels sont vos objectifs pour la suite ? CG Revenir à un fonctionnement plus nor- mal, notamment retrouver nos sorties avec les enfants. Au niveau de l’équipe éducative, on souhaite renforcer encore l’éduction po- sitive. Nous avions entamé des formations avec les maîtresses que la Covid nous a mal- heureusement obligé à mettre en suspens. YD Notre ligne a toujours été de nous amé- liorer sans cesse. Ce qui est bien doit être excellent. Ce qui est excellent doit être en- core mieux. On a toujours des nouvelles idées, des projets que l’on veut développer. Notre force, c’est l’esprit de famille qui règne ici et notre volonté de toujours faire pour le mieux. La Rédaction 12 L’ENTRETIEN LE MAGA Z INE DE L A C I G N ° 06

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