CIG Magazine N°05

Du huis-clos psychologique au thriller d’action géopolitique, Israël prouvait déjà sa capacité à raconter ses ennemis intérieurs sous toutes leurs formes. L’une des forces d’Israël dans ce domaine, c’est sa diversité sérielle. Sa capacité à raconter toutes sortes d’histoires. » Depuis ces deux programmes précurseurs, la machine ne s’est jamais enrayée et Ie pays a continué à donner vie à des histoires lar- gement inspirées par son écosystème, qu’il s’agisse du foisonnant contexte géopolitique, des tensions religieuses ou de sujets plus intimes traités sous un ton grave ou teintés d’humour. Mais avec un tact et une pointe d’audace, de culot… La fameuse houtzpa is- raélienne, dit-on. LA FORCE DE THÉMATIQUES UNIVERSELLES Mais alors, quels sont les ingrédients de cette « Israelian Touch » ? Comment un pays de neuf millions d’habitants, dont une bonne partie, des ultraorthodoxes aux arabophones, ne regarde pas la télé (qui n’existe là-bas que depuis la fin des années soixante), a ainsi pu se faire une telle place au soleil ? Pour Frédéric Lavigne, directeur artistique du festival français Séries Mania, interviewé par le Figaro Madame : « Les séries venues de Tel- Aviv campent leurs histoires dans un contexte très local, mais elles leur donnent une forme universelle, et s’appuient sur des personnages « immigrants soviétiques, prisonniers de guerre, ultrareligieux, etc. – dotés d’une véritable épais- seur psychologique. On est loin du cop show à l’américaine. » Selon le Genevois Laurent Selvi, cinéphile averti, grand consommateur de séries et par ailleurs président du Festival International du Film des Cultures Juives de Genève, le GIJFF, la méthode israélienne puise sa force dans l’adversité : «Dans ce domaine, Israël a l’inventivité de ses moyens limités, ce qui l’oblige à être très créative : le scénario, la réalisation, le jeu d’acteur… Tout va à l’essentiel. A cela s’ajoute une grande qualité scénaristique : les personnages sont travaillés, ils ne sont jamais tout blanc ou tout noir. Autre aspect impor- tant : ils sont sans tabous, ne s’ interdisent rien et leurs dilemmes moraux sont souvent ceux auxquels le pays est confronté. Les scénaristes ont développé un style narratif et cinématogra- phique qui correspond à de nouvelles envies. » LES PLUS CÉLÈBRES VERSIONS ORIGINALES Hostages Une chirurgienne israélienne dont la famille a été kidnappée se voit contrainte d’assassi- ner un chef d’état. Fauda Le programme, qui met en vedette une uni- té d’agents israéliens infiltrés côté arabe, a été élu meilleure série étrangère par le New York Times . When Heroes Fly Quatre anciens membres de Tsahal unissent leurs forces pour retrouver l’une de leurs proches en Colombie. Les Shtisel, Une famille à Jérusalem Une série de petites scènes autour d’une famille ultraorthodoxe de Jérusalem. Nehama Un père de famille perd sa femme et décide de se lancer dans le stand-up pour réaliser son rêve. Our Boys La série, qui a fait couler beaucoup d’encre, revient sur l’enlèvement et le meurtre de trois adolescents israéliens et d’un adoles- cent palestinien à l’été 2014. Téhéran Une jeune femme juive née en Iran mais élevée en Israël devient un agent du Mossad infiltrée dans la capitale iranienne. Sha’at Neilah La série à gros budget retrace, à travers des personnages fictifs, les évènements de la guerre du Kippour en 1973. La grande famille de Nehama et Tamar, héroïne de Téhéran. 16 L’ENQUÊTE LE MAGA Z INE DE L A C I G N ° 05

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