CIG Magazine N°04

En lieu et place de la salle de restaurant du Jardin, la zone de stockage des commandes prêtes à être réceptionnées ou livrées. C’est une situation inédite qu’aucun Ge- nevois n’aurait pensé devoir traverser il y a quelques mois encore. La preuve, le dernier numéro de votre CIG Magazine annonçait encore les festivités de Pessah. Dans les circonstances exceptionnelles de la crise sanitaire du Covid-19, la CIG a mis en place un dispositif inédit pour répondre aux exigences de sécurité et de santé imposées par la Confédération, tout en continuant de soutenir ses membres, notamment à l’approche de la Pâque juive. A l’entrée, une boîte en carton contient une centaine de masques de protection sa- nitaire, à disposition des collaborateurs, des bénévoles ou des membres qui se déplace- raient à la CIG. Pour les gants, le visiteur à libre choix, même s’il doit montrer patte blanche : S, M ou L, à revêtir selon le proto- cole. Nous sommes le 1 er avril, mais la situation n’a rien d’une blague. Comme l’ensemble de Genève, de l’Europe et alors de la planète, la CIG traverse une crise sans précédent, qui n’avait jamais été imaginée, et qui a pourtant permis de montrer à ses membres combien l’association peut se mobiliser pour eux. COVID-19 : UNE PLAIE À SURMONTER Avec l’annulation des sedarim de Pessah pré- vus les 08 et 09 avril à la CIG en présence du Grand Rabbin Dayan, la Communauté Israélite de Genève s’est proposée fin mars de commander et de livrer aux moins mobiles de ses membres les denrées nécessaires à la préparation des repas de Pessah. Une initia- tive victime de son succès, puisque certains membres ont passé plusieurs commandes. De quoi mobiliser l’ensemble du rez-de- chaussée, une bonne partie du personnel et de nombreux bénévoles de la Maison Juive Dumas. L’idée derrière cette étonnante métamorphose ? Que la CIG propose un service supplémentaire et salvateur à ses membres afin que chacun puisse manger la matza, la viande et l’épicerie cacher le Pessah pour la Pâque. Pour respecter les consignes sanitaires et la distanciation sociale recommandées par le Conseil fédéral, certains sont venus travailler de nuit afin de préparer les commandes des membres. On les croise au petit matin, un espresso à la main. Ils ne sont jamais plus d’une dizaine de collaborateurs et de bénévoles pour trier les centaines de denrées réceptionnées à la Maison Juive Dumas. L’organisation a été menée de main de maître par la rabbanite Dayan : ni trop peu, pour être efficace, ni trop, pour respecter les consignes sanitaires et ne pas se gêner. À CRISE EXCEPTIONNELLE, MESURES EXCEPTIONNELLES Alors que la cuisine est totalement désossée pour la casherisation qui précède Pessah, toutes les tables du restaurant Le Jardin ont été débarassées pour laisser place à des silos alphabétiques. « Il s’agit des commandes prêtes ou presque prêtes à être envoyées. Il suffit d’y ajouter la viande, qui attend dans le camion frigorifique », précise Daniel Waknine, directeur de la sécurité du GSI, venu prêter main forte et logistique avisée. Il met au service de la communauté les compétences précieuses qu’il a acquises dans une autre vie professionnelle, au sein d’une entreprise de logistique pendant cinq ans. «Quand nous avons commencé à comprendre qu’ il serait difficile de sortir du pays voire de chez soi à l’approche des fêtes de Pessah, la CIG a proposé à travers un mail à ses membres de faire une commande des produits de nécessité pour les sedarim. Nous avons reçu 380 commandes » nous confie-t-il en composant un numéro sur son téléphone : avec beaucoup de soin, il contacte chaque membre ayant passé une commande malheureusement incomplète. «Nous avons remplacé les olives dénoyautées par des olives avec noyau, est-ce ok pour vous ? » Il se montre extrêmement serviable, même si l’inquiétude le gagne : début avril, la CIG attend encore 90 paquets de harosset. De son côté, le Centre Communautaire de la Jeunesse Juive s’est métamorphosé en véritable supermarché d’appoint. C’est là que toutes les commandes sont préparées. D’un côté, le vin, de l’autre, les conserves. A droite les matzot, à gauche les herbes amères. Le dernier point, et non des moindres, de ce dispositif hors normes, patiente dans la cour de la CIG. Branché en permanence sur le réseau électrique du bâtiment, un camion frigorifique permet de stocker 3 tonnes de viande cacher le Pessah . 24 LE REPORTAGE LE MAGA Z INE DE L A C I G N ° 04

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