CIG Magazine N°01

® SHUTTERSTOCK C’EST UN MOTIF DE FIERTÉ POUR LE JUDAÏSME D’AVOIR ÉTÉ LA PREMIÈRE RELIGION À ENVISAGER LA POSSIBILITÉ D’UNE FÉCONDATION ARTIFICIELLE. Mais les avis en matière de GPA divergent. La majorité des décisionnaires considèrent que la mère halakhique est la donneuse d’ovo- cytes, car la maternité se définit à partir de la conception. Par conséquent, si la mère com- manditaire est non-juive, l’enfant ne l’est pas non-plus (même si la mère porteuse est juive). Dans ce cas, une conversion est nécessaire. D’autres stipulent que la récipiendaire de l’ovocyte est la mère halakhique. Selon cet avis, la religion de l’enfant est fonction de celle de la mère receveuse. En l’espèce, la GPA avec don d’ovocytes pose ainsi le problème de la clarté de la filiation. Aussi, la Halakha interdit-elle tout rapport sexuel pendant les trois premiers mois de la gestation, si la ges- tatrice est une femme mariée. Ainsi est-on assuré que l’enfant qu’elle mettra au monde est issu du fœtus implanté et n’est pas le sien propre. Car il demeure un risque qu’elle soit fécondée par son propre époux après avoir perdu le fœtus implanté (fausse couche). En l’absence de réponse définitive à la ques- tion de la définition de la maternité, on peut considérer que l’enfant a deux mères : la donneuse d’ovocytes (la mère génétique) et celle qui le met au monde (la mère bio- logique). Selon cette approche, l’enfant devra respecter les interdits relatifs à la proche parenté (‘arayot) du côté des deux mères (par exemple, il lui sera interdit de se marier avec ses tantes maternelles, ou avec ses demi-frères et sœurs du côté maternel). La divergence des avis nous recommande la conversion de l’enfant, si l’une des deux mères n’est pas de confession juive. Comme les PMA, la GPA pose aussi le pro- blème de la paternité. Revient-elle au dé- positaire de la semence ? Là aussi les avis, sur cette question, divergent ; et les consé- quences halakhiques sont nombreuses. Pour- ra-t-il hériter de son père ? Est-il concerné par la mitzva du respect des parents ? Est-il Cohen, et par conséquent bénéficiera-t-il de tous les droits et devoirs qui incombent à un Cohen? L’obtention du sperme pose de sérieux problèmes, car la Halakha interdit catégoriquement toute éjaculation vaine. En principe toute émission de sperme qui n’est pas effectuée in utero est, ipso facto , considérée comme vaine ; mais le sperme étant prélevé ici dans le but de procréer, et destiné à être injecté dans l’ovule par la suite, l’interdit est quelque peu atténué. La loi civile concernant la GPA a été promul- guée en Israël avec l’imprimatur du Grand Rabbinat d’Israël. Cette loi est assez restric- tive. Seule une juive divorcée ou veuve ayant déjà un enfant peut être femme porteuse pour un couple de juifs marié religieusement, qui souffre d’infertilité.La Halakha a la faculté d’exprimer des avis totalement inédits sur des questions ultra-modernes. Cependant, en cas d’infertilité, il serait sage de se tourner vers des autorités rabbiniques compétentes en la matière. Souhaitons que Dieu inspire les chercheurs et les fasse progresser dans la voie qui leur permettra de résoudre, au- thentiquement et en profondeur, ces dou- loureux problèmes, en substituant réellement la fécondité à la stérilité. Rav Dr. Izhak Dayan, Grand Rabbin 7 J U IN-SEP TEMBRE 201 9

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