CIG Magazine N°01

Cours dispensé par le Grand Rabbin Dayan pendant les mardis après-midi de l'Age d'or. Plongée au cœur du Service social de la Communauté Israélite de Genève. Evelyne Morali et Nicole Engel nous font découvrir les coulisses de leur activité totalement plu- ridisciplinaire. Mais viscéralement orientée sur l’entraide. Dans leur bureau du 1 er étage de l’avenue Dumas 21, Evelyne Morali, la directrice du Service social, ses collègues, Nicole Engel, Naïc Galley et Delphine Lok, sont prêtes à attaquer la journée. D’entrée de jeu, ces femmes accueillantes et généreuses vous mettent à l’aise. Leurs regards bienveillants semblent lire dans les tréfonds des âmes pour décrypter les soucis. Professionnelles hautement qualifiées, elles affichent leurs nombreux diplômes au mur. Evelyne a débuté en tant que bénévole au CCJJ de la CIG et travaille depuis août 1989 au Service social. Cela fait donc trente ans qu’elle se consacre à aider ses coreligionnaires, sans perdre une once de motivation : « Pas une journée ne se ressemble. Tous les matins, c’est un nouveau défi. Les métiers du social sont passionnants et très gratifiants », s’illumine-t-elle avec sa petite pointe d’accent chantant bâlois. 9:00 Son premier rendez-vous, Yves (nom d’emprunt), se présente. La cinquantaine, il raconte pudiquement sa descente aux enfers : licenciement, puis difficultés à re- trouver un emploi. En fin de droit, il n’arrive plus à assumer les charges familiales, les traites de sa maison... Plongé dans une spi- rale d’endettement, il est même tombé en dépression. Evelyne nous confie : « Il faut agir vite, pour que l’action sociale privée de notre service se mette en place, souvent en parallèle des aides cantonales. Mais les gens attendent et s’adressent à nous en dernier recours, quand ils sont déjà enlisés dans les problèmes. Peu importe l’historique de la personne. Ce qui compte c’est de la réintégrer au plus vite, qu’elle se sente épaulée pour remettre le pied à l’étrier. Notre maxime : ‹Que personne ne soit oublié›. Et avec plus de 280 dossiers actifs, nous avons du pain sur la planche. » UNE TAHARA AU CIMETIÈRE 9:43 Un coup de téléphone retentit. Nicole répond. La requête ? Une tahara demain au cimetière. Evelyne rejoindra un groupe de femmes pour effectuer le dernier acte religieux qui consiste à laver un corps avant son ensevelissement. « Je suis une maratho- nienne et ma fonction n’a aucune limite : je fais du coaching pour aider ceux dont la situation économique s’est détériorée ; du soutien aux aînés pour leur administration et leurs impôts ; des visites à l’hôpital ; du rangement d’appar- tements, des déménagements ; du tri et de la redistribution de nourriture, ou de vêtements et de mobilier issu des donations ; des visites à domicile des esseulés et, pour les jeunes, nous organisons des cours d’appui, ou des bourses. Pour encadrer tout cela, nous gérons aussi bien évidemment un groupe de bénévoles dévoués, sans qui rien ne serait possible. » Grace à eux, Evelyne et Nicole sont capables de déplacer des montagnes. « Parfois je n’ose pas dire jusqu’où l’on va… , ajoute Evelyne pudiquement en levant les yeux sur le portrait d’un jeune homme en- cadré sur son mur. Lorsqu’ il était bébé, il était gravement malade et sa mère ne pouvait plus s’occuper de lui. Il avait 7 mois lorsque nous l’avons accueilli chez nous et nous l’avons élevé comme un fils. » LES PRÉCIEUX BÉNÉVOLES 10:30 Delphine Lok qui gère le secrétariat du service, s’active pour organiser la location de camions pour leur journée de distribu- tion en collaboration avec Partage. Cette association récupère les dons de nourriture puis la met à disposition du Service social. Nicole, Evelyne, Naïc, Delphine et une ar- mada de bénévoles s’occupent de charger les paquets et de les redistribuer à 42 familles juives démunies. D’ailleurs, la brigade des 38 bénévoles réguliers, très hétéroclites, commence à défiler pour prendre part à la réunion semestrielle. Ce lien permanent consiste aussi en des feedbacks réguliers au sujet de leurs interventions. « Ils sont la force vive de notre service. Mais la difficulté consiste à dénicher les professionnels, de leur attribuer un secteur qui leur convient, voire de les former en cours d’interventions. Les équipes sont si bien rodées qu’on les prête même dans différents services, au secrétariat, à la bibliothèque, à l’entretien de l’ancien cimetière de Carouge ou encore pour animer le cercle des aînés, assène Evelyne. Chaque personne a des ressources et des compétences, c’est ma conviction. Il faut prendre le temps de les découvrir et de les ré- injecter dans un projet de vie. » LE MAGA Z INE DE L A C I G N ° 01 18 LE REPORTAGE

RkJQdWJsaXNoZXIy MjE4MDE=